lundi 8 octobre 2012

Solaris





Parfois, on pourrait croire que la science fiction est un domaine réservé aux anglo-saxons et accessoirement aux français.
Et bien, on notera avec l'intérêt que cela mérite qu'un des romans phares du genre a été écrit en 1961 par un écrivain polonais !


Stanislas Lem est né le 12 septembre 1921 à Lviv (aujourd'hui en Ukraine).
Fils de médecin, il poursuit des études dans ce domaine mais elles sont interrompues par la Seconde Guerre Mondiale.
Il les reprend à la fin du conflit mais pour éviter d'être incorporé dans l'armée, il ne passe pas les examens de fin d'étude.
Il se consacre à l'écriture. de romans de science fiction dans lesquels il dépeint une société humaine en bute au progrès technologique et à la confrontation des hommes avec des entités ou des peuples extraterrestres avec lesquels ils sont incapables de communiquer.
Farouche partisan de la civilisation occidentale, ses livres contiennent souvent des critiques plus ou moins précises du communisme et des totalitarismes en général.

Son oeuvre la plus célèbre est sans conteste "Solaris".

Une équipe scientifique débarque sur Solaris, un monde inhabité tournant autour de deux soleils. L'immense océan protoplasmique qui recouvre entièrement la planète reste depuis des siècles un irritant mystère.

Dès son arrivée, le Dr Kelvin est intrigué par le comportement du physicien Sartorius et du cybernéticien Snaut, qui semblent terrorisés par la visite d'une femme, Harey; une femme que Kelvin a autrefois aimée et qui s'est suicidée plusieurs années auparavant. Impossible... A moins qu'une entité intelligente n'essaie d'entrer en contact avec eux en matérialisant leurs fantasmes les plus secrets, et qu'en l'océan lui-même réside la clé de cette énigme aux dimensions d'un monde.

Traduite en 40 langues elle a été adaptée deux fois au cinéma, par AndreÏ Tarkowski en 1972, puis par Steven Soderbergh en 2002.


Un classique indispensable.

samedi 6 octobre 2012

Annabel Buffet


Annabel Schwob de Lur est née le 10 mai 1928 à Paris.
Figure emblématique du Saint Germain des Près de l'après guerre, elle se lie d'amitié avec Françoise Sagan et Juliette Gréco entr'autres célébrités.
Lorsqu'elle rencontre le peintre Bernard Buffet à Saint Tropez en 1959, il vient de rompre avec Pierre Bergé.
Malgré tout, c'est le coup de foudre et ils se marient en 1961.
Annabel est écrivain, comédienne et chanteuse mais elle ne rencontrera qu'un succès d'estime : on compare ses romans avec ceux de Sagan et ses chansons avec le répertoire de Gréco...
Lorsque Bernard met fin à ses jours en 1999 pour fuir la maladie de Parkinson qui le ronge, elle est désespérée et se laisse dépérir.
Grosse fumeuse, elle s'éteint le 3 août 2005 à Neuilly sur Seine.


"Côté gauche" (1969) : paroles et musique de Frédéric Botton


"Chanson fanée" (1980) : texte d'Annabel, musique de Jean Morlier


Des mêmes auteurs, "Le Château" (1980)


jeudi 4 octobre 2012

Kiraz


Chez le médecin ou le coiffeur, lorsque j'étais enfant, je consultais volontiers les revues que l'on ne qualifiait pas encore de people non pour les articles racoleurs mais uniquement pour les dessins humoristiques.
Parmi mes préférés, des personnages longilignes qui évoquaient, dans l'air du temps de l'époque, les aléas de leur vie de couple ou de leurs relations amoureuses.

Mais c'est surtout chez ma grand-mère que je pouvais détailler à loisirs ces vignettes noir et blanc ou mieux en couleurs dans les revues "luxe" comme Jours de France.

Ces personnages, essentiellement féminins, sont devenus célèbres hors de nos frontières sous l'appellation "Les Parisiennes" et sont signées par Edmond Kiraz (né Kirazian le 25 août 1923 au Caire).

Quelques exemples de son talent : je ne sais pas si c'est une manifestation de l'âge qui avance mais je trouve ces dessins toujours actuels pour l'essentiel même si la superficialité de ces demoiselles renferme un caractère daté parfois.


lundi 1 octobre 2012

Les Misérables


Auteur, compositeur et producteur de musique, né à Vannes le 6 juillet 1944, Claude-Michel Schönberg rencontre le succès public avec sa chanson " Le Premier Pas".
Après le succès d'estime de sa création "Révolution Française" en 1973, décide de se consacrer en priorité à la comédie musicale, délaissant la chanson de variété et le métier de producteur qui était le sien depuis la fin des '60.
C'est en 1980 qu'avec son complice Alain Boublil, il adapte le chef d'oeuvre de Victor Hugo, "Les Misérables" en spectacle musical.


Dans une mise en scène de Robert Hossein, la pièce remplit le Palais des Sports pendant 16 semaines et réjouit 500 000  spectateurs.
Le théâtre n'étant plus disponible après cette date, le show s'arrête.
Mais un collaborateur de Cameron Mckintosh, le producteur anglais des musicals de Andrew Lloyd-Webber, a vu le spectacle. Il fait écouter l'enregistrement à son patron qui contacte aussitôt les auteurs.
Il demande à Claude-Michel Schönberg d'étoffer sa partition et de la travailler pour un orchestre de 40 musiciens.
Il charge Herbert Kretzmer, un as de l'adaptation théâtrale britannique, de traduire le texte d'Alain Boublil.
C'est le 8 octobre 1985, au Barbican Theatre de Londres, qu'est créée la version anglaise des "Misérables".

Après avoir déménagé au Palace Theatre, le spectacle s'installe au Queen's Theatre en 2004, salle où il est toujours. C'est à ce jour, le spectacle musical qui détient le record de représentation à Londres.
"Les Miz", comme il est surnommé aux USA, est également en bonne place sur Broadway où il tint l'affiche de décembre 1986 à mai 2003 avant de faire l'objet d'une reprise de 2006 à 2008.


Une version, légèrement remaniée scéniquement et musicalement, fut initiée en 2012 par Cameron Mackintosh pour le 25ème anniversaire du spectacle.
En décembre prochain, un film qui reprend fidèlement le script du show sortira dans les salles.
Traduit en 21 langues et produits dans environ 70 pays, "Les Misérables" se sont vus attribuer un sous-titre flatteur mais non usurpé de "the musical that swept the world"...
Toutefois, pour les fans de la première heure, la plus fabuleuse représentation fut celle qui se donna au Royal Albert Hall en 1995 pour le 10ème anniversaire.
Les producteurs ont en effet réuni une distribution incroyable si bien qu'elle porte désormais le nom de "dream cast".
Colm Wilkinson, son créateur , reprend le rôle de Jean Valjean; Ruthie Henshall est Fantine, l'australien Philip Quast incarne le commissaire Javert, Léa Salonga, Eponine, Michaël Ball joue Marius et Judy Kuhn est Cosette.Jenny Galloway et Alun Armstrong sont de formidables Ténardier.
C'est d'ailleurs un des coups de génie de Schönberg et Boublil c'est d'avoir transformé ce couple détestable en un duo ridicule et presque comique.


"I dreames a dream" : Fantine évoque son amour de jeunesse malheureux qui donna naissance à Cosette.


"Master of the house" : Les Ténardiers se présentent


"Stars" : Profession de foi de Javert


"Bring him home" : avant l'assaut par l'armée de la barricade des étudiants, Valjean prie Dieu pour le salut de Marius, l'amant de sa fille Cosette.


"Empty chairs at empty tables" : Marius, après le massacre de la barricade, évoque ses amis disparus.


"Do you ear the people sing" & "One day more" : l'incroyable final qui réunit 17 ténors ayant interprété Valjean dans le monde. Un moment extraordinaire, non ?


Le plus grand musical de l'après-guerre : un must à voir et à entendre.
Personnellement, j'ai assisté à une représentation à Londres en décembre 2003, deux jours avant Noël.
Je ne suis pas particulièrement chauvin, mais quand j'ai vu, lors du final, la troupe agiter le drapeau tricolore en reprenant "One day more" et que le public anglais - qui en majorité n'en était pas à sa première soirée - s'est levé pour applaudir à tout rompre, ben j'ai eu la chair de poule, la gorge nouée et les larmes aux yeux. C'est bête hein ?
Non, allez y voir vous même, vous comprendrez...



samedi 29 septembre 2012

Jean Sénac



Jean Sénac était un poète algérien d'origine française, né le 29 novembre 1926 à Béni-Saf (Oran).
Né de père inconnu, il fréquente très tôt les cercles littéraires algériens de la colonisation. Tombé gravement malade en 1946 (paratyphoïde puis pleurésie), il entre en contact épistolaire avec Albert Camus.
A sa sortie du sanatorium, il rencontre Jean Cayrol, Mohammed Dib et Jules Roy.
Sénac entre à Radio-Alger et organise des expositions de peinture. Dès 1952, il fréquente les milieux nationalistes.
Se revendiquant comme appartenant à "la patrie algérienne", il gagne Paris où il publie, avec une préface de René Char, un premier recueil de poèmes. Véritable agent de liaison entre les intellectuels français et les nationalistes algériens, il revient en Algérie en 1962.
Ayant créé une nouvelle galerie de peinture, La Galerie 54, il anime en même temps des émissions à la radio algérienne et dirige la revue "Novembre".
Après la prise de pouvoir du Colonel Boumedienne, en 1965, sa situation devient instable et finalement en 1971, ses programmes radio sont suspendus.
Homosexuel assumé, il est en bute à des difficultés croissantes et dans la nuit du 29 au 30 août 1973, il est assassiné dans des circonstances demeurées obscures.
Jean Sénac est considéré par beaucoup comme un authentique écrivain algérien de langue française, dévoué de toute son âme à sa patrie.




L’Homme ouvert

Cet homme portait son enfance
sur son visage comme un bestiaire
il aimait ses amis
l’ortie et le lierre l’aimaient

Cet homme avait la vérité
enfoncée dans ses deux mains jointes
et il saignait

À la mère qui voulut enlever son couteau
à la fille qui voulut laver sa plaie
il dit « n’empêchez pas mon soleil de marcher »

Cet homme était juste comme une main ouverte
on se précipita sur lui
pour le guérir pour le fermer
alors il s’ouvrit davantage
il fit entrer la terre en lui

Comme on l’empêchait de vivre
il se fit poème et se tut

Comme on voulait le dessiner
il se fit arbre et se tut

Comme on arrachait ses branches
il se fit houille et se tut

Comme on creusait dans ses veines
il se fit flamme et se tut

Alors ses cendres dans la ville
portèrent son défi

Cet homme était grand comme une main ouverte.

Paris, 21 avril 1952
Huitième lettre à Antoine
      

Viens, puisque tu n’es plus qu’une anarchie de couleurs
Indistinctes,
Un fracas de syllabes,
Un circuit délabré entre la syncope et l’oracle.
Viens, puisque tout désir est cendre sous les cendres,
Et nos rêves
Barbelés dans les ronces.

Viens,
Un désordre baroque a déjà livré notre lit aux brocanteurs.

Pour notre voyage il ne reste
Qu’une planche de bois blanc
Et un galet.

Viens.
J’ai rejoint les barbares.
Nous t’attendons.

20 novembre 1966
Ordres II
      

Quand j’aurai retiré mon poète
Mon pédé ma barbe mon bâtard
Mon algérien mon sommeil
Mon soleil (slip minimum) mon
Bavardage ma mer,
Dévêtu comme un pape sur le seuil de Dieu,
Nu
Comme un empereur pour le sacre,
(Ouvrier sous la douche)
— mon mendigot —,
Vous me verrez.
Avec une poitrine capable d’accueillir l’espérance et l’espace.
Des épaules pour le temps
Des poumons un cœur réguliers
Pour une marche souple
Parmi la vigoureuse tendresse du matin
(Genou intact, Rimbaud sauvé),
Vous m’aimerez.
En attendant, avec tous ces mots de nylon,
Je transpire et je feins.

Alger, 17 octobre 1970


J'écris mes poèmes sur ta bouche.
Ils sont navigateurs sur l'espace gonflé. Parfois ils touchent terre, ils me reconnaissent.
Emerveillé, je les recopie.

D'autres fois, lorsque tu m'aimes,
Ils s'épanouissent, ils saignent, ils chantent.
Je n'en finis plus de m'aimer sur tes levres.
O territoire de ma chance !
Matinées !



Quelqu'un

Le bruit des pages tournées...
Non, c'est un rêve.

Entre deux portes l'air...
Non (reprends ta lecture).

Cette paille qui tremble sous le toît...
Rentre tes mains. Réchauffe-les.

Ce bruit...
C'est un réveil.
Cet autre...
Le cheval.

La nuit coule, froide, blanche,
entre l'oreille et le coeur.

13 décembre 1960 3h15 du matin.


Au fond de chaque amour des cancrelats sommeillent.
Sont-ce des cancrelats, mon coeur, ou des abeilles ?
Et lentement, tandis qu'en amande les yeux
S'éternisent, dans le désir, le bruit soigneux
De la noire légion dévore nos oreilles.

Rien n'y fait, nos soupirs ni nos gémissements
Ni le lin délirant dont nous vêtons nos contes,
Rien, et quand la beauté nous attache et nous ment
Les cancrelats sont là qui nous troublent et montent
Avec notre bonheur et son double, la honte.[...]

Si chanter mon amour c'est aimer ma patrie,
Je suis un combattant qui ne se renie pas.
Je porte au coeur son nom comme un bouquet d'orties,
Je partage son lit et marche de son pas.

Sur les plages l'été camoufle la misère,
Et tant d'estomacs creux que le soleil bronza
Dans la ville le soir entrelace au lierre
Le chardon de douleur, cet unique repas. [...]


Ode à l'Amérique africaine
à Marc Baudon

Free Man fume. Il me lance dans la bouche sa fumée.
   Des HLM éclatent.
L’enfant noir rit. Ses beaux cheveux crépus aucune moisissure ne les lisse.
Planètes. Planètes.
Nous ne sommes pas blanc-noir Je suis beau parce que
   je suis noir Je suis beau parce que je suis blanc Nous sommes beaux

Le sang a la couleur des roses de Jéricho,
Du rêve de l’émigré sur l’abjecte paillasse
(Négriers, patrons vous paierez !), la couleur
De l’aube sur les plages du Chenoua, de Californie,
Le sang lorsqu’il fleurit la peau non lorsqu’il gicle sous vos triques
(Vous paierez !), le bonheur des roses de Jéricho.

Free Man parle. Entre ses mains une géographie fabuleuse s’érige.
Caresses.
La sirène des porcs s’engouffre dans les os. Mais
Free Man parle. Ses poumons bloquent la pollution de l’Amérique.
Noirs et blancs on respire. On essaye de respirer. On ose, on commence,
Appel d’air. Free Man parle.

Free Man fixe. Entre sa lance et son fusil. Sur ce rotin qui est l’Afrique, Free Man
Fixe. Ses cuisses nous étreignent. Free Man
Bande. Pour la liberté pour le pain
Libre de tous. Free Man
Fixe le noir, la femme, l’homosexuel, le drogué, le blanc, le vert, le bleu, Free Man
Fixe dans l’iris le destin de l’homme,
Le conduit aux crêtes de feu. Sous
Les pavés la plage. Camarades merci ! Free Man
Fume. Et Hô et Mao et Che et la Palestine
Et Crazy Horse
Et Novembre et Mai le zodiaque
De l’autogestion et E = mc2 la
Bonté d’Einstein et Char et Fanon
Et Artaud et
Angela qui tient le fil du Minotaure
Et Genet sur toutes les poitrines et toutes les toisons de toutes les libertés
Et Ginsberg et Voznessenski et Ted Joans et Retamar et Guillen et Hikmet et Patrick Mac’Avoy et Sonia Sanchez et Depestre et Blas de Otero et Darwich et Khaïr-Eddine et Adonis et Cernuda et Whitman et
Le tam-tam électronique le chant la percussion tout
Le chant de la Raison et du Poème et
La Folie aux douces lèvres de tartine beurrée sur le cœur des enfants d’Archie Shepp
Dans la braise entre ses trois doigts
Témoignent et
Chacun de nous dans ce témoignage
Reconnaît sa dignité, son plaisir,
L’horreur de l’homme hors-les-crocs. Free Man
Que je nomme pour tous. Qui se nomme pour tous.
    Tous,
Les gosses, les gommés, les loques, les militants, tout
Le peuple anonyme.

Free Man fume. Dans la bouche il me lance
Son avenir. Les bidonvilles éclatent.
Et le grand radeau vert de l’Amérique en larmes secoue ses singes de titane.
Free Man fume. Son poing montre le quai.
Et le grand radeau de l’Amérique en larmes à la dérive dans la nuit orientale fasciné furibond se cabre se disloque. Free Man
Chante. Sur ses cuisses lyriques
Le poème n’est plus un sanglot.

Alger, 22 novembre 1970/22 février 1972

jeudi 27 septembre 2012

Gilles Schamber


Les chorégraphes contemporains présentent des répertoires très variés et des inspirations fort diverses.

J'aime bien quand les ballets nous montrent des choses originales, éloignées si possible d'un classicisme poussiéreux.

Gilles Schamber est un danseur et scénographe français, né à Metz le 12 mai 1960.
D'abord interprète aux Ballets de Lille puis Charleroi et enfin à Bruxelles, chez Maurice Béjart.
Co-directeur et chorégraphe de la Compagnie L'Empreinte, il fonde en 2003 sa propre compagnie, la Cie Gilschamber, dont les créations parcourent les plus grands plateaux du monde.

"Corps de soi"


"Désir"




"Au bord de soi"




mardi 25 septembre 2012

Dash lave plus gay

Certains comédiens ne font pas de fixation sur leur sacro-sainte image publique et n'hésitent pas à l'écorner à l'occasion.
Jean-Claude Van Damme en est un exemple mésestimé.
Témoin ce clip publicitaire pour une marque de lessive :


Sacré JC VD !