samedi 11 novembre 2017

Alan Seeger, soldat poète


Alan Seeger est né le 22 juin 1888 à New York.

Il passe son enfance dans la maison familiale sise au pied de la Statue de la Liberté.
Puis, à 12 ans, il suit ses parents au Mexique.

Deux ans plus tard, il est de retour aux Etats-Unis pour y poursuivre ses études.
Entré à Harvard en 1906, il en sort diplômé en 1910.

Passionné de littérature, d'histoire médiévale et de sports, il quitte son pays pour s'établir à Paris en 1912.
Collaborateur du journal Le Mercure de France, il rédige des articles pour des revues anglaises et américaines.
C'est en France qu'il produit ses premiers poèmes.

Quand la Première Guerre Mondiale éclate, il défile à la tête des américains de Paris qui ont décidé de s'engager pour défendre le pays qui les a accueillis.

Le 24 août 1914 il intègre le 2° régiment de marche de la Légion Etrangère à Toulouse.

Il combat à la Bataille de la Marne, dans les Marais de Saint-Gond, puis au Chemin des Dames.
Suivront la Haute Saône et la Champagne.

Brièvement envoyé à Biarritz pour raisons sanitaires, il rejoint le front en avril 1916.
En juillet, son régiment est engagé dans la bataille de la Somme.

Le 4 juillet - jour de la fête nationale américaine - le soldat Alan Seeger est tué au combat à Belloy-en-Santerre.

Porté disparu, il est supposé avoir été enterré à l'ossuaire de la Nécropole nationale de Lihons.

Son journal et sa correspondance à sa mère et sa soeur pendant le conflit ont été publiés après la guerre.
Mais ce sont ses poèmes qui lui ont valu le respect et l'admiration de ses compatriotes.

En particuliers celui qu'il rédigea le 17 juin 1915 sur le Chemin des Dames, au titre prémonitoire,
"J'ai un rendez-vous avec la Mort" :


J’ai un rendez-vous avec la Mort
Sur quelques barricade âprement disputée,
Quand le printemps revient avec son ombre frémissante
Et quand l’air est rempli des fleurs du pommier.

J’ai un rendez-vous avec la Mort
Quant le printemps ramène les beaux jours bleus.
Il se peut qu’elle prenne ma main


Et me conduise dans son pays ténébreux
Et ferme mes yeux et éteigne mon souffle.
Il se peut qu’elle passe encore sans m’atteindre.

J’ai un rendez-vous avec la Mort
Sur quelque pente d’une colline battue par les balles
Quand le printemps reparaît cette année
Et qu’apparaissent les premières fleurs des prairies.

Dieu sait qu’il vaudrait mieux être au profond
Des oreillers de soie et de duvet parfumé
Ou l’Amour palpite dans le plus délicieux sommeil,
Pouls contre pouls et souffle contre souffle,
Ou les réveils apaisés sont doux.

Mais j’ai un rendez-vous avec la Mort
A minuit, dans quelque ville en flammes,
Quand le printemps d’un pas léger revient vers le nord cette année
Et je suis fidèle à ma parole :
Je ne manquerai pas ce rendez-vous-là.




I HAVE A RENDEZVOUS WITH DEATH . .


I have a rendezvous with Death
At some disputed barricade,
When Spring comes back with rustling shade
And apple-blossoms fill the air—
I have a rendezvous with Death
When Springs brings back blue days and fair.


It may be he shall take my hand
And lead me into his dark land
And close my eyes and quench my breath—
It may be I shall pass him still.
I have a rendezvous with Death
On some scarred slope of battered hill,
When Spring comes round again this year
And the first meadow-flowers appear.


God knows 'twere better to be deep
Pillowed in silk and scented down,
Where Love throbs out in blissful sleep
Pulse nigh to pulse, and breath to breath,
Where hushed awakenings are dear . . .
But I've a rendezvous with Death
At midnight in some flaming town,
When Spring trips north again this year,
And I to my pledged word am true.
I shall not fail that rendezvous.

mercredi 8 novembre 2017

Fréhel : cap sur la mémoire

Quitte à remonter dans le temps allons y franchement !
Je vous propose un bond de plus de 100 ans dans l'histoire de la chanson française.


Cette ravissante jeune femme se nommait Marguerite Boulc'h et naquit à Paris le 13 juillet 1891.

C'est à partir de 1908 qu'elle se fait remarquer sous le pseudonyme de Pervenche - puis de Fréhel à partir des années 20 - avec un répertoire réaliste et rencontre un grand succès.
Sa vie sentimentale par contre est catastrophique et l'entraîne vers une surconsommation d'alcool et de drogue.

Après une éclipse au début des années 30, elle revient en jouant au cinéma alors que ses abus ont fortement empâté sa silhouette.

C'est à cette période qu'elle enregistre ce titre que j'affectionne particulièrement, "Où est-il donc ?"
écrit et composé par le grand Vincent Scotto :


Elle interprète, avec une grande émotion, ce titre dans le film de Julien Duvivier, "Pépé le Moko" avec Jean Gabin.
Elle y campe une ancienne artiste de cabaret qui se penche avec tristesse sur les photos de son glorieux passé : c'est exactement ce que l'artiste éprouve elle même à cette époque :



Fréhel s'éteint, dans la misère, le 3 février 1951 dans ce Paris qu'elle n'a cessé d'aimer.

lundi 6 novembre 2017

Le surréalisme-naïf de San Poggio


On apprend peu de chose sur Santiago "San" Poggio en écumant internet.

Cet artiste argentin réalise des toiles qui mettent en scène, sur fond de paysages improbables et très architecturés, des personnages au comportement étrange voire sadique ou violent mais dans des postures statiques qui font penser à l'art naïf.



















samedi 4 novembre 2017

Sport insolite : 2 - Fierljeppen


Les néerlandais ont inventé un sport qu'ils doivent être les seuls à pratiquer et pour cause.

Il s'agit du Fierljeppen, sorte de saut à la perche en longueur.
Ce sport se pratique avec une perche de 8 à 13 mètres et consiste à franchir un plan d'eau ou un canal.

Démonstration :


mercredi 1 novembre 2017

Valentin Stuff, Darth Vador à The Voice

Valentin Stuff est un (très) beau garçon, auteur-compositeur-interprète de 26 ans qui a étonné tout le monde lors des auditions à l'aveugle de la saison 6 du télé-crochet The Voice.

Il a délivré une version très personnelle du "Pull Marine" que Serge Gainsbourg avait tricoté pour Isabelle Adjani en 1983 :


On remarquera que les jurés ont failli laisser échapper cette voix de basse hors normes tout en répétant "c'est vachement bien!" sans se retourner !

La capacité à reconnaître un authentique talent n'étant pas toujours la marque première de ces artistes, ils l'ont éliminé à la veille des primes et ont évité ainsi de le soumettre aux votes du public.

Bah, tant pis !
Valentin met en ligne sur Youtube des reprises perso comme ce "La nuit je mens" de Bashung


et des chansons originales :

"Seine"


"Genealogy"


"Dernier je t'aime"


On attend l'album avec impatience !

lundi 30 octobre 2017

Sagan


Il n'est vraisemblablement pas nécessaire de présenter ici Françoise Quoirez, dite Françoise Sagan.
Même celui qui ne lit jamais a entendu parlé de cette romancière, dramaturge et essayiste.


Originaire de Cajarc dans le Lot, elle illumina la jet set littéraire et people des années 50 à 80 avant de se retirer dans sa maison de la banlieue de Honfleur où elle s'éteignit en 2004.


Très prolifique, elle assurait qu'écrire lui était douloureux mais qu'elle ne voyait pas ce qu'elle pourrait faire d'autre.

Son style fut qualifié par ses pairs et la critique de "petite musique" qui suscita autant l'admiration que le rejet.

Je vous propose quelques citations extraites des ouvrages les moins connus :


Des Bleus à l'Ame

Et cette âme, si nous n’y prenons pas garde, nous la retrouverons un jour devant nous, essoufflée, demandant grâce et pleine de bleus… Et ces bleus, sans doute, nous ne les aurons pas volés.

Je n’en saurai jamais assez. Jamais assez pour être parfaitement heureuse, jamais assez pour avoir une passion abstraite qui me nourrisse d’une manière définitive, jamais assez pour « rien ». Mais ces moments de bonheur, d’adhésion à la vie, si on se les rappelle bien, finissent par faire une sorte de couverture, de patchwork réconfortant qu’on pose sur le corps nu, efflanqué, tremblotant de notre solitude.

Ma vie est d’ores et déjà une dissertation accélérée et bâclée, celle de la mauvaise élève, celle qui n’a rien su faire de ses citations, sinon, par moments, son propre bonheur, son propre orgueil et ses réjouissances.

Le voilà lâché, le mot clef : la solitude. Ce petit lièvre mécanique qu’on lâche sur les cynodromes et derrière lequel se précipitent les grands lévriers de nos passions, de nos amitiés, essoufflés et avides, ce petit lièvre qu’ils ne rattrapent jamais mais qu’ils croient toujours accessible, à force.

Il y a eu énormément de guillemets dans ma vie, si j'y réfléchis, quelques points d'exclamations (la passion), quelques points d’interrogations (la dépression nerveuse), quelques points de suspension (l’insouciance)





Les Faux Fuyants

Pour provoquer le chagrin et les larmes il faut des circonstances précises, un décor, des détails que ne demandent pas, Dieu merci, le plaisir et le bonheur, lesquels s'accomodent d'un canevas plus flou.



Le Lit défait

Ce n'est pas sur un défaut qu'on se blesse mais sur l'absence d'une qualité

Les écrivains, enfin les gens qui créent quelque chose, savent très bien régenter leur cœur et leur corps. Ils nourrissent l’un et l’autre, dès qu’ils écrivent, avec la même désinvolture.

C'était l'un des grands charmes de la passion, pensait-il, que celui de ne plus se dire : que fais-je ici? mais au contraire; comment m'y maintenir?"




Le Garde du Coeur

"C'est drôle : peut-être faut-il , comme je l'ai toujours fait, haïr la vie dans le fond pour l'adorer sous toutes ses formes."

"C'est terrible, finalement, d'avoir le bonheur facile. C'est très astreignant, le bonheur, on ne peut pas plus s'y dérober qu'à la neurasthénie."

La terre seule me rassure, quelle que soit la part de boue qu'elle contient.






Un Chagrin de Passage

Comme les trois quarts de ses relations, il passait sa vie, depuis qu'il était en âge de la gagner, à répondre à des "comment ?". Les "pourquoi ?" étaient réservés aux adolescents et aux penseurs professionnels.

- C'est quoi, être intelligent, pour toi ? gémit Sonia avec la voix enfantine qu'on aisément certaines femmes, passé trente ans.
- Je ne sais pas, dit-il. Peut-être avoir sur une question le plus grand nombre de points de vue possibles... et en changer... et apprendre...
- Eh bien alors, on apprend tout le temps, puisqu'on change de point de vue tout le temps !
- Non, non ! Plus le temps passe, plus on adopte les points de vue les plus proches de ses intérêts, ou de sa paresse, ou de ses amis, ou de la vie courante. On se rétrécit et on diminue les regards et les points de vue. Petit à petit, on devient un vrai con, un vieux con.


Les Violons Parfois

Tant qu'on croit en l'homme, vous savez, on peut croire en Dieu, mais si on n'y croit plus... si on voit une bête à sa place occupée à en faire souffrir d'autres...

L'argent rend égoïste. C'est bien pourquoi je veux en avoir. Je trouve l'égoïsme confortable, équilibrant...



Toxique

Mon passe-temps favori, c'est laisser passer le temps, avoir du temps, prendre du temps, perdre son temps, vivre à contre-temps.

Car enfin, quand on a plus personne à embrasser, et que la solitude équivaut à un travail que personne ne vous demande plus, la vie doit être triste.

J'avais 16 ans.
J'ai eu 16 ans.
Je n'aurai plus 16 ans.

moi qui me sens la jeunesse même.
Je n'ai pas vieilli en fait,
Je n'ai Renoncé à Rien.


Un Profil Perdu

Un chagrin d'amour, si affreux soit-il était-ce pire qu'une solitude anonyme, une solitude sans écho ?

C'est bien là le pire des ruptures : non seulement on se quitte mais on se quitte pour des raisons différentes.

Je ne comprenais pas qu'on puisse s'acharner à atténuer, à étouffer les différents chocs de la vie. Il me semblait qu'il y avait là une sorte de défaite permanente, et que ce rideau interposé entre l'anxiété, le malheur, l'ennui et soi-même était comme un drapeau blanc, un signe de reddition, a priori tout à fait humiliant.

Nous vivions de silences heureux et de phrases inachevées, comme si nous avions, d'un même mouvement, confié le vrai dialogue à nos corps.

J'avais connu parfois, et seule justement, de ces moments de bonheur extravagants, presque métaphysiques, où l'on découvre tout à coup dans un éclair éblouissant et concret que la vie est une chose superbe, qu'elle est justifiée complètement, irrémédiablement, en cette seconde précise, par le simple fait d'exister.

L'envie d'être livre, l'envie d'être aimé, l'instinct de fuite, l'instinct de chasse, tout cela vous paraît grâce à une défaillance providentielle de la mémoire ou à une prétention naïve, complètement original.

Je ne passerais plus de saccage en saccage, de déchirement en déchirement, je serais la clairière ensoleillée et la rivière où les miens viendraient boire sans retenue le lait de l'humaine tendresse.

On a parfois, comme ça, des idées sur soi, même purement "visuelles", mais irrévocables. Le reste du temps, on se laisse flotter sans se voir, on se laisse disparaître dans une traînée de bulles saumâtres et sans couleur vers les fonds les plus bas, aveugle, sourd et muet de désespoir. Ou alors, au contraire on ressurgit superbe et triomphant dans l'oeil de quelqu'un d'autre, aveuglé de ce soleil que vous êtes pour lui et qu'il invente au péril de son coeur

-Et ça vous plait de ne rien faire?
(...)
-Bien sûr, dis-je.Je regarde passer le temps,défiler les jours,je me mets au soleil,quand il y en a,je ne sais pas ce que je ferai le lendemain.Et s'il me vient une passion,j'ai le temps de m'en occupper.Tout le monde devrait avoir droit à ça.

Mais Françoise Sagan a aussi enregistré quelques textes sur une musique de Michel Magne en 1956 et 1957 :

La Valse


Le Jour


Les Jours Perdus


Scénariste, elle écrivit et réalisa un court métrage en 1979, Encore un Hiver




Mais les plus réfractaires à la lecture se sont peut être laissé séduire par le téléfilm que Diane Kurys réalisa pour France 2 en 2007 et qui retrace, en deux parties, la vie tumultueuse de Françoise Sagan et de son entourage.

Pierre Palmade, Bruno Wolkowitch, Arielle Dombasle, Jeanne Balibar incarnent autour de l'exceptionnelle Sylvie Testud le petit monde frivole et fragile de la romancière.

Racheté par Luc Besson, la production télévisuelle, remontée, a été également exploitée en salle en 2008 sous le simple titre "Sagan".

Même si certains détails ont été romancés et imaginés, la fresque est des plus crédibles et passionnante, en particuliers grâce à la performance bluffante de Sylvie Testud.


samedi 28 octobre 2017

Condoms Four Seasons : free demo

Faire de la publicité pour un produit aussi sensible que les préservatifs n'est pas toujours chose aisée.

Deux solutions : être didactique (ou prophylactique) ou caremment jouer la carte de l'humour.

C'est ce que la marque australienne Four Seasons Condoms a tenté de faire en 2013.
Hélas, l'humour étant une chose très personnelle, ce spot n'a pas fait rire tout le monde et la publicité a été interdite de diffusion en Australie.

Humour ou obscénité, à vous de juger :