Affichage des articles dont le libellé est Opera. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Opera. Afficher tous les articles

samedi 25 janvier 2020

Penthée, l'opéra du Régent

La légende de Penthée est une de ces histoires dont seule la mythologie grecque a le secret.

Penthée est le petit-fils et successeur du roi de Thèbes, Cadmos.
Il s'oppose à l'introduction dans son royaume du culte de Dionysos, dont les cérémonies festives donnent lieu à des débordements orgiaques qui menaceraient la stabilité du gouvernement.

Un jour qu'il espionne, déguisé, les ménades (des femmes qui célèbrent Dionysos secrètement) sur la montagne, caché derrière un rocher, l'une d'elles, le prenant pour un lion donne l'alerte.
Les femmes se jettent sur lui et le tuent.
Or parmi ces ménades figuraient la mère et les tantes de Penthée.

Le dramaturge Euripide en fera le sujet de sa tragédie "Les Bacchantes".

Dionysos revient dans sa ville natale de Thèbes et entend s'y faire adorer et célébrer comme le dieu qu'il est (il est le fils de Zeus). Séduisant les femmes de la région, il demande au roi Cadmos d'autoriser son culte. Devant les débordements que ces manifestations provoquent, le roi hésite puis accepte par esprit de conciliation (si cet étranger est vraiment un dieu, soyons prudents).
Mais Penthée, qui entre temps exerce le pouvoir, refuse cette situation : il fait arrêter l'étranger. Mais les femmes, rendues folles par Dionysos, détruisent et tuent tout sur leur passage.
Miraculeusement libéré, Dionysos persuade Penthée d'aller voir par lui même la vraie nature des bacchanales : travesti en femme, Penthée se rend sur la montagne et est massacré par les furies, sa mère et ses tantes en tête. Une fois le crime révélé, la mère de Penthée se jette dans les flots.

En voici une adaptation avec Maxime Le Gac



Au début du XVIIIème siècle, le Duc Philippe d'Orléans, qui n'est pas encore le Régent de France, compose un opéra à partir de cette légende.
Son librettiste est le poète Charles-Auguste de la Fare (1644-1712).

Joué pour la première fois le 16 juillet 1705, dans la grande salle du Palais Royal (résidence du Duc), en présence du Roi, l'opéra, qui comporte 5 actes sera donné à nouveau le 8 mai 1706 devant le Dauphin.
Archivé à la Bibliothèque de l'Arsenal, le manuscrit comporte la mention que le Duc d'Orléans a interdit toute représentation et publication.

Le musicien Antoine Duhamel, pour composer la bande originale du film de Bertraand Tavernier, "Que la fête commence" parvint, en 1976 à s'en procurer quelques extraits.

"Air de Venus" extrait du Prologue


Egalement issu du Prologue, "Air des grâces et plaisirs"


Extraits de l'acte V :


"O douleur" choeur final



vendredi 10 août 2018

La Conférence des Oiseaux


Publié en 1177 par le poète mystique perse Farid al-Din Attar, Mantiq at-Tayr, en français
Le Cantique des oiseaux ou La Conférence des Oiseaux, est une allégorie mystique composée de 4500 distiques.


Farid al-Din Attar (1142-1190) fut d'abord droguiste parfumeur avant d'embrasser le soufisme et de se consacrer à l'écriture. Il fut exécuté par le Mongols qui avaient envahi sa ville de Nishapùr.

Des oiseaux se mettent en quête du Simorg, l'oiseau royal pourvoyeur de la vie sur terre, symbole des êtres ailés. Au prix d'efforts gigantesques qui découragent la plupart d'entre eux, ils traversent sept vallées merveilleuses.
Ce voyage est une expression poétique du soufisme iranien, doctrine selon laquelle Dieu n'est pas extérieur ou en dehors de l'univers, mais dans la totalité de l'univers.
À l'issue de leur périple, c'est leur moi profond que découvrent les voyageurs

Ce texte a été traduit par Jean-Claude Carrière en 1978.
Il en a proposé une adaptation théâtrale qu'il n'a pas hésité à jouer lui même :


Diverses versions sous forme de ballets ont été représentées également :



D'autres compagnies ont proposé des adaptations pour enfants avec des marionnettes :


Michaël Levinas s'est appuyé sur le texte de Carrière pour le livret de son opéra :



mardi 17 juillet 2018

Einstein on the beach

Les opéras contemporains sont parfois déroutants.

Je vous ai déjà fait part de mon étonnement devant "u", oeuvre lyrique en klingon, ou des compositions comme "L'Upupa" ou encore "Bintou were".

Mais il existe un autre genre de spectacle lyrique qui fait la part belle à la musique et joue principalement sur le visuel.
L'argument et les lyrics qu'on peut y entendre sont sinon accessoires, du moins secondaires.

Un bon exemple est cet "opéra" signé du grand compositeur américain de l'école minimaliste, Philip Glass (Baltimore, 31 janvier 1937).


Einstein on the beach est un portrait musical et scénographique du célèbre physicien.
Composé en 1976, sa durée de 5 heures en fait l'opéra le plus long de l'ouvre de Glass.


Je ne vous en propose que quelques extraits dans la mise en scène de Bob Wilson :

"Building"


"Knee play 3"


"Spaceship"


"Train"


dimanche 10 décembre 2017

Remo Forlani, plume à tout faire


Remo Forlani est un écrivain, dramaturge, critique de cinéma et télévision, homme de radio, scénariste et réalisateur français, né et mort à Paris (12 février 1927 - 25 octobre 2009).

Je l'ai connu chroniqueur sur RTL où il officiait comme critique de télévision.
J'adorais son ton caustique et acerbe et sa façon inimitable de dézinguer les programmes de la veille.

J'ai plus tard appris qu'il était aussi romancier.
Il écrivit une trentaine d'ouvrages dont une bonne partie consacrée aux chats, sa passion.

Il signa également 7 pièces de théâtre dont "Madame" qui permit à Barbara de faire sa première apparition dramatique.
En voici un extrait où on retrouve la chanteuse en compagnie du comédien Claude Titre :


Remo Forlani fut aussi l'auteur du livret de l'opéra "Lundi, Monsieur, vous serez riche", mis en musique par Antoine Duhamel :


Scénariste de la première adaptation des aventures de Tintin au cinéma, il conçut, sous la supervision de Hergé, "Tintin et le mystère de la Toison d'Or" en 1961, réalisé par Jean-Jacques Vierne.


En 1957, Chris Marker avait co-réalisé avec Alain Resnais un autre de ses scénarios, "Le mystère de l'atelier 15"


Il produit en 1973 le scénario du film de Jean-Claude Brialy, "Les volets clos" et en écrit le texte de la chanson du générique, interprétée par Nicoletta


Il passe l'année suivante à la réalisation en mettant en scène son synopsis, "Juliette et Juliette" avec Annie Girardot et Marlène Jobert.


Mais ses histoires ne finissent pas toutes sur grand écran.
Forlani propose au journal Pilote en 1966, avec des dessins de Georges Lacroix, l'histoire dejantée du Caracacouac :




Touche à tout plus ou moins brillant, Remo Forlani était surtout connu pour son humour et sa capacité d'autodérision.
Un exemple dans cet extrait d'interview télévisée menée par Pierre Tchernia :


mardi 5 décembre 2017

Le Roi Carotte, opérette potagère

Affiche originale de Henri Meyer
Au lendemain de la débacle de la guerre de 1870, la population parisienne a besoin de se détendre et de retrouver le goût de rire.

Le célèbre compositeur Jacques Offenbach s'allie au librettiste et dramaturge Victorien Sardou pour adapter un conte fantastique de l'allemand Ernst Hoffmann, paru en 1819.

D'abord proposée sous forme d'un opéra-bouffe, l'adaptation connut une modification en quatre actes mais le point commun restait une multiplication de tableaux différents, ce qui rendait la production particulièrement onéreuse.
Malgré tout, son succès dépassa les frontières et la pièce fut jouée à Londres, New-York et Vienne après Paris en 1872.
Mais le coût exorbitant du spectacle provoquant sa mise au placard dès 1877.

L'argument est très spécial :
Qu’arriverait-il si un légume accédait à la tête de l'Etat ? Un légume, certes vitaminé, mais aussi brutal, stupide et belliqueux ? Tout ensemble carotte et bâton, ce roi est autant une délirante fantaisie qu’un pied de nez à tous les potentats.

En résumé :
Fridolin, prince héritier frivole et criblé de dettes, s’apprête à épouser Cunégonde pour sa dot. Il se trouve alors chassé du pouvoir par un potager transformé en cour royale par la grâce de la sorcière Coloquinte. Celle-ci fait d’une carotte un roi, le Roi Carotte, que tous voient comme un prince charmant alors qu'il n'est qu'un imbécile. De péripéties en catastrophes, le Roi Carotte redevient légume tandis que Fridolin fait son grand retour, acclamé par le peuple, avant de s'unir à la la douce Rosée du Soir.

L'Opéra de Lyon a eu la brillante idée de sortir cette oeuvre de l'oubli, en la recréant, pour la première fois depuis 1877 pour les fêtes de Noël 2015.
Une mise en scène modernisée et inspirée par le burlesque cinématographique en a assuré le succès.




mercredi 5 juillet 2017

Anna Nicole (Smith) : Une playmate à l'opéra

Le 17 février 2011, au Covent Garden de Londres, est créé un opéra que beaucoup estiment osé : pensez, une oeuvre lyrique qui raconte la vie tumultueuse et tragique d'Anna Nicole Smith, la scandaleuse.


Mais qui est donc cette Anna Nicole Smith qui a inspiré le compositeur britannique Mark-Anthony Turnage et le librettiste Richard Thomas ?

Vicki Lynn Hogan naît le 28 novembre 1967 à Houston, Texas, au milieu de 5 autres enfants que leur père abandonne dans leur bas âge aux seuls soins de leur mère.

En 1985, elle épouse l'acteur Billy Smith dont elle a un fils, Daniel Wayne le 22 janvier 1986.
Le mariage tourne court et c'est le divorce deux ans plus tard. 

En 1988, Vicki, devient Anna Nicole et se fait engager comme strip-teaseuse. Pour ressembler à Marilyn Monroe qu'elle adule, elle devient blonde et se fait poser des implants mammaires XXL pour séduire les hommes.
Pari doublement réussi : élu playmate du mois dans Playboy de mai 1992, elle est désignée playmate de l'année en 1993 par le même magazine.

C'est dans une party organisée par Playboy qu'elle rencontre le milliardaire J. Howard Marshall, 89 ans. Le vieil homme tombe son son charme et l'épouse.
En 1995, à la mort de son riche époux, s'engage une longue bataille juridique entre Anna et son beau-fils, E. Pierce Marshall, pour la possession de l'énorme héritage.
Les décisions des tribunaux donneront gain de cause alternativement à l'un puis à l'autre jusqu'au 
décès de Pierce Marshall en juin 2006.

Anna donne naissance à une petite fille le 7 septembre 2006.
Elle prétend qu'elle a pour père son compagnon du moment, Howard K. Stern.
Mais Larry Birkhead, un photographe qui a entretenu une relation avec Anna quelques mois auparavant, pense être le vrai géniteur : une expertise judiciaire d'ADN lui donne raison.

Trois jours après la naissance de la petite Dannielynn, Daniel, venu rendre visite à sa mère à la maternité, meurt dans la chambre d'hôpital d'une overdose de drogues et de médicaments.

Anna est détruite : elle décède à son tour le 8 février 2007 au Memorial Regional Hospital de Miami.

Alcool, drogue, sexe, argent, mort : tous les ingrédients du scandale qui auront poursuivi Anna Nicole Smith toute sa vie !


Pour incarner la sulfureuse Anna Nicole, Richard Thomas, Antonio Pappano et Mark-Anthony Turnage

font appel à la soprano néerlandaise Eva-Maria Westbroek.

En dépit d'un avertissement quant au langage un peu crû des lyrics, le spectacle prévu pour 6 représentations seulement, reçoit un accueil très chaleureux de la critique et affiche complet tous les soirs.

Aujourd'hui considéré comme une oeuvre contemporaine majeure, découvrez en quelques extraits :





mercredi 14 décembre 2016

I Shardana, l'opéra de l'âge de bronze

Composé à partir de 1956 par le grand compositeur sarde Ennio Porrino (1910-1959)


cet opéra en trois actes a été créé le 21 mars 1959 au Teatro San Carlo de Naples.


I Shardana nous raconte une histoire d'amour contrariée par les aléas historiques, un peu à l'image de Roméo et Juliette :

L'histoire se déroule en Sardaigne, à l'époque nuragique, c'est à dire vers 1800 avant JC.
Torbeno, le fils de Gonnario, un chef de guerre sarde, tombe amoureux de Berbera Jonia, une jeune fille qui fait partie de l'entourage des envahisseurs maures qui menacent l'indépendance de l'île.





samedi 5 mars 2016

Klaus Nomi, l'extraterrestre

Klaus Nomi est né Klaus Sperber, à Immenstadt en Bavière, le 24 janvier 1944.

Il passe son enfance à Berlin-Ouest où il se passionne pour l'opéra tout en découvrant en parallèle la musique rock.
Il étudie la musique au Deutsche Oper de Berlin et se produit dans un répertoire classique.

En 1972 il part s'installer à New-York où il s'illustre sur la scène underground d' East Village.
Sa musique marie l'opéra, la musique électronique et le new-wave.

Il se fait faire un costume extravagant inspiré par celui de David Bowie - qui l'a découvert et engagé comme choriste - et qui deviendra sa marque de fabrique.

Ses spectacles séduisent tous les publics grâce à sa tessiture vocale extraordinaire et son répertoire inclassable.

Homosexuel, il voit sa santé se dégrader au début des années 80.
Très affaibli, il est l'une des premières célébrités à décéder des suites du sida le 6 août 1983 à New-York.

"Simple Man"


"After the Fall"


"Total Eclipse"


Et bien sûr, le célébrissime "Cold Song", extrait de l'opéra de Henry Purcell, "King Arthur" :



lundi 21 décembre 2015

Leonardo Vinci


De même que l'on dit qu'il n'y a pas qu'un âne qui s'appelle Martin, on notera avec intérêt qu'il n'exista pas qu'un seul Leonardo Vinci.

Bon d'accord, l'astuce est un peu grosse : il s'agit bien de Leonardo Vinci et non de Leonardo da Vinci, le célèbre peintre et inventeur.


Notre Leonardo est né à Strongoli di Calabria en 1690 et mort à Naples en 1730.
Et c'était un compositeur de musique baroque.

Après avoir fait des études au Conservatoire dei Poveri de Gesu Cristo de Naples, il devient 10 ans plus tard professeur de musique du prince de Sansevero.

Leonardo se fait une spécialité de l'opera seria, en dialecte napolitain.
Il en composera en tout 37.

Il meurt à 40 ans, sans doute empoisonné par un mari jaloux...


Pour se faire une idée de son talent voici trois extraits de l'un de ses opéras : La Partenope (1723)

Al mio tesoro


Amante che, incostante, amor cangiando va



La rondinella, che a noi sei riede



mardi 22 septembre 2015

La Luna, l'opéra de Jose Maria Cano

Jose Maria Cano est né le 21 février 1959 à Madrid.


Musicien et compositeur, il fonde en 1981, avec son frère Nacho et Ana Torroja le groupe Mecano.

Après leur séparation en 1998, il se reconvertit dans la peinture et devient un artiste réputé.

Toutefois, entre temps, à partir de 1992 et jusqu'en 2000, il se consacre à l'écriture d'un opéra,
"La Luna".


A Seville en 1810, une jeune gitane prénommée Lola, demande à la Lune de lui accorder la grâce d'épouser le bel Antonio.
La Lune accède à sa demande en échange de leur premier enfant.
Le mariage a lieu et bientôt Lola est enceinte.
Lorsque l'enfant naît, il a le teint pâle et les yeux gris. Comme il est sensé être le fils d'un gitan, Antonio somme Lola de lui dire qui est le véritable père. Refusant de croire à l'histoire de l'intervention de la Lune, il tue son épouse et abandonne son fils dans un pré au bord d'une rivière.
C'est là que la Lune le retrouve et l'attire vers Elle.


L'opéra a été créé à Valence en 1998 dans une version concert avec la participation, entre autres artistes, de Ainhoa Arteta (Lola) et Placido Domingo (Antonio) et Maria José Martos (Luna)

"Arrorro, arrorro" - Lola


"Te quiero morena" - Antonio


"Epilogo" - La Luna


jeudi 2 avril 2015

Billy Budd



Les oeuvres lyriques de la seconde partie du XX° siècle provoquent chez moi des réactions diverses et pas toujours louangeuses.

Grâce à Arte, j'ai découvert, par un après-midi maussade, cette exception à la règle de la médiocrité.

Billy Budd est à l'origine une nouvelle d'Herman Melville parue en 1924.


C'est en 1951 que l'écossais Benjamin Britten (1913-1976) en fait un opéra, sur un livret adapté par Eric Crozier et E.M.Forster.


L'histoire se déroule initialement en 4 actes mais une version remaniée en deux actes voit le jour en 1964.


Composition classique dans sa structure narrative, Billy Budd est résolument moderne dans sa partition.
C'est également un cas unique en ce qu'elle est chantée exclusivement par des hommes.

Billy Budd est un jeune matelot qui quitte le navire marchand The Rights of Man pour être enrôlé de force sur le navire de guerre The Bellipotent . À bord de ce dernier, Billy est enrôlé comme gabier de misaine. Il est le plus jeune des matelots et d'une beauté frappante. Il n'a aucun défaut si ce n'est celui de bégayer sous le coup de l'émotion. John Claggart, le capitaine d'armes, a une profonde aversion pour Billy, causée par l'amour qu'il provoque autour de lui et auquel il n'est paradoxalement pas insensible. Il rend compte au capitaine de vaisseau Edward Fairfax « Starry » Vere que Billy complote pour créer une mutinerie. Étant données les récentes mutineries dans la flotte britannique, le commandant Vere est contraint d'écouter ces allégations auxquelles il ne croit pas. Billy est confronté à Claggart pour se justifier. Sous le coup de l'émotion face à ces accusations infondées, Billy bégaye et n'arrive pas à s'expliquer. Impuissant, il frappe alors brutalement Claggart qui meurt sur le coup. Billy est condamné à la pendaison par une cour martiale composée des officiers du navire, à laquelle le capitaine ne peut qu'apporter son témoignage impuissant. Le matelot bénit Vere avant d'être pendu, ce qui évite la mutinerie de l'équipage.


Le propos est une mise en abîme du christianisme : la bonté incapable de s'exprimer est impuissante et condamnée; il expose les difficultés de l'individu face au groupe, l'antagonisme entre l'être et le faire, l'essence et l'action : on peut connaitre la chose juste à faire et être contraint de l'ignorer.
Tout cela baigné dans une homosexualité latente qui n'ose s'exprimer.

Sans doute ce dernier aspect a-t-il motivé Britten et Forster, gays connus et reconnus même sans avoir à sortir du placard...







jeudi 18 décembre 2014

Brokeback Mountain


A l'origine était la nouvelle.


Brokeback Mountrain, est un texte publié dans le New Yorker, en 1997.
Il est du à la plume de la romancière Annie Proulx (Norwich,CT - 22 août 1935), titulaire de plusieurs récompenses prestigieuses, du Prix Pulitzer au National Book Award.


Puis, l'histoire est adaptée en 2006 par Larry McMurtry et Diana Ossana, et tourné par le cinéaste Ang Lee, et le film triomphe aux Oscars, aux Golden Globes et aux BAFTA et reçoit le Lion d'Or du Festival de Venise.


La photographie de Rodrigo Prieto et la musique de Gustavo Santaolalla contribuent pour beaucoup à ce succès planétaire.

De même - et peut être surtout - grâce aux acteurs : Heath Ledger et Jake Gyllenhaal.

Ennis del Mar et Jack Twist, deux cow-boys de l'État du Wyoming, se rencontrent au printemps 1963, employés par le Farm and Ranch Employment, l'un comme berger, l'autre comme responsable de camp, assignés au même élevage de moutons au nord de Signal, dans un alpage situé sur la Brokeback Mountain, une ville et une montagne imaginaires du Wyoming, ils sont inopinément et  inexorablement attirés l'un par l'autre. Malgré cette intense idylle dans la montagne, interrompue pendant quatre ans, ils font leur vie chacun de leur côté, se marient, ont des enfants, et se rencontrent épisodiquement entre le Wyoming et le Texas avant que Jack Twist ne soit tué dans des circonstances dramatiques et douteuses, laissant Ennis seul avec ses souvenirs.

J'ai déjà précisé que j'aimais que les histoires d'amour gay se finissent bien. Ce n'est pas le cas ici.
Mais la peinture de cette passion improbable et fatale à tous les sens du terme, m'a bouleversé.
La splendeur des images, les superbes acteurs ultra convaincants, et cette musique incroyable qui vous vrille l'âme et le coeur, ont eu raison de mes réticences.
Attention, chef d'oeuvre ! Et pas uniquement pour un public gay.

Une autre adaptation, signée d'Annie Proulx elle même, sert de livret à un opéra composé par Charles Wuorinen, qui fut créé en janvier 2014 au Teatro Real de Madrid.


vendredi 24 octobre 2014

Die tote Stadt


"Die tote Stadt" est un opéra en trois actes de Erich Wolfgang Korngold (Brno, 29 mai 1897 - Hollywood, 29 novembre 1957) compositeur autrichien, naturalisé américain en 1943.

Enfant prodige, Korngold s'exerce à l'harmonie puis à la composition dès l'âge de 5 ans.

C'est en 1920 qu'il rencontre la consécration publique avec son opéra "Die tote Statdt", sur un livret qu'il signe avec son père, adaptation du roman de Georges Rodenbach, "Bruges-la morte" paru en 1892.


Sollicité par le cinéma, il compose de nombreuses musiques de films qui séduisent la critique et- lui garantissent une postérité que ses oeuvres lyriques ne retrouvent pas dans l'immédiate après-guerre.

Toutefois, ces dernières années, un retour en grâce de Korngold et ses opéras, notamment "Die tote Stadt", se fait jour.

En voici quelques extraits, avec James King et Karan Armstrong dans les rôles principaux :

Dans l'atmosphère brumeuse de Bruges, Paul vit immergé dans le souvenir de sa femme défunte, Marie. Son ami Frank et sa femme de chambre Brigitta tentent vainement par des reproches de le sortir de son obsession. Paul croit voir sa femme réincarnée dans la danseuse Marietta qui lui chante la chanson que Marie lui chantait : Glück, das mir verblieb. Marietta semble prête à l'aimer.




Considéré comme l'ultime descendant des compositeurs romantiques autrichiens comme Richard Strauss ou Gustav Malher, Korngold est lui même source d'inspiration avouée pour les compositeurs de films tels John Williams ou Jerry Goldsmith.

lundi 23 juin 2014

Akhnaten


En 1983, le compositeur américain Philip Glass (31 janvier 1937 à Baltimore) entreprend de clore sa trilogie lyrique des Portraits par une oeuvre consacrée au Pharaon hérétique, Akhénaton.


Cet opéra atypique est chanté en akkadien, hébreu ancien et égyptien antique.

Dans le style dit minimaliste de ce compositeur, cette création revêt un caractère hypnotique et fascinant grâce à une orchestration très accessible.

Voici quatre extraits de la représentation donnée par la Jacobs School of Music de l'Université d'Indiana,
avec Nicholas Tamagna, Akhnaten; Olivia Savage, Reine Tyi; Sarah Ballman, Néfertiti.

Akhnaten & Nefertiti


Hymn



The Temple



The Window of Appearances



dimanche 18 mai 2014

Mort à Venise

A l'origine, c'est un roman de Thomas Mann, écrivain allemand (Lübeck, 1875 - Suisse, 1955), publié en 1912.


Gustav von Aschenbach est un écrivain quinquagénaire connu. C’est un monsieur extrêmement respectable et respecté, qui a toujours mené une vie « rangée ». Une envie soudaine de voyage le prend, lorsqu’il croise le regard d’un voyageur étrange. Il décide de partir, et finit par aller à Venise. Il y fait la rencontre d’un jeune homme qu’il trouve extrêmement beau : Tadzio. Lui et sa famille vivent dans le même hôtel que Gustav von Aschebach, qui est fasciné par ce dernier. La beauté du jeune homme porte l’écrivain vers des pensées très profondes sur le Beau. Hélas, une maladie contamine en secret les rues de Venise : le choléra, mais l’écrivain, amoureux de Tadzio, ignore ce danger. Il suit le jeune homme et sa famille partout, et essaie de se faire aimer en retour. Jusqu’où ira l’écrivain ?


Adapté en 1971 par le grand cinéaste italien Luchino Visconti (Milan,1906 - Rome, 1976) avec Dirk Bogarde, Bjorn Andresen et Silvana Mangano, il a révélé la 5è symphonie de Gustav Mahler qui lui sert de BO.


Deux ans plus tard, le compositeur britannique Benjamin Britten (Lowestoft, 1913 - Aldeburgh, 1976) s'empare du sujet pour un opéra :


Enfin, en 2004, le chorégraphe américain John Neumeier, créée un ballet sur le même thème à Hambourg :
danseurs Llyod Riggins et Ervin Revazov sur des musiques de Bach et de Wagner.


dimanche 13 octobre 2013

The Fly


L'adaptation scénique de films à succès ne se limite pas aux comédies musicales.


C'est ainsi que le compositeur canadien Howard Shore transforma la partition qu'il avait écrite pour l'illustration sonore du film de son compatriote David Cronenberg, "The Fly" (La Mouche) en opéra.


L'oeuvre fut créée le 2 juillet 2008 à Paris, au Théâtre du Châtelet, sous la direction musicale de Placido Domingo dans une mise en scène de Cronenberg lui même.



mercredi 27 juin 2012

Princesse Salomé

La Princesse Salomé, belle fille du roi Hérode, serait, selon la Bible à l'origine du martyre de Jean le Baptiste.
Tombée amoureuse du prophète et ulcérée de se voir repoussée, elle charme son beau-père par une danse lascive et, en guise de récompense pour sa prestation, réclame la tête de Jean. Hérode est contraint de lui donner satisfaction, non s'en avoir tenté, en vain de lui proposer d'autre rétribution.

Le grand Oscar Wilde (1854-1900) en a fait l'héroïne d'une pièce de théâtre, "Salomé",  en un acte, et en français, en 1891.



LE JEUNE SYRIEN
Comme la princesse Salomé est belle ce soir !
LE PAGE D'HÉRODIAS
Regardez la lune. La lune a l'air très étrange. On dirait une femme qui sort d'un tombeau. Elle ressemble à une femme morte. On dirait qu'elle cherche des morts.
LE JEUNE SYRIEN
Elle a l'air très étrange. Elle ressemble à une petite princesse qui porte un voile jaune, et a des pieds d'argent. Elle ressemble à une princesse qui a des pieds comme des petites colombes blanches... On dirait qu'elle danse.
LE PAGE D'HÉRODIAS
Elle est comme une femme morte. Elle va très lentement.
(...) LA VOIX D'IOKANAAN
Après moi viendra un autre encore plus puissant que moi. Je ne suis pas digne même de délier la courroie de ses sandales. Quand il viendra la terre déserte se réjouira. Elle fleurira comme le lis. Les yeux des aveugles verront le jour, et les oreilles des sourds seront ouvertes... Le nouveau-né mettra sa main sur le nid des dragons, et mènera les lions par leurs crinières.
SECOND SOLDAT
Faites-le taire. Il dit toujours des choses absurdes.
PREMIER SOLDAT
Mais non ; c'est un saint homme. Il est très doux aussi. Chaque jour je lui donne à manger. Il me remercie toujours.
LE CAPPADOCIEN
Qui est-ce ?
PREMIER SOLDAT
C'est un prophète.
LE CAPPADOCIEN
Quel est son nom ?
PREMIER SOLDAT
Iokanaan.
LE CAPPADOCIEN
D'où vient-il ?
PREMIER SOLDAT
Du désert, où il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Il était vêtu de poil de chameau, et autour de ses reins il portait une ceinture de cuir. Son aspect était très farouche. Une grande foule le suivait. Il avait même des disciples.
LE CAPPADOCIEN
De quoi parle-t-il ?
PREMIER SOLDAT
Nous ne savons jamais. Quelquefois il dit des choses épouvantables, mais il est impossible de le comprendre. 
LE CAPPADOCIEN
Peut-on le voir ?
PREMIER SOLDAT
Non. Le tétrarque ne le permet pas.
LE JEUNE SYRIEN
La princesse a caché son visage derrière son éventail ! Ses petites mains blanches s'agitent comme des colombes qui s'envolent vers leurs colombiers. Elles ressemblent à des papillons blancs. Elles sont tout à fait comme des papillons blancs.

En voici une vision, celle de la scénographe sarde Maria Cristina Madau :


En 1894, le peintre et dessinateur Aubrey Beardsley (1872-1898) a réalisé une suite de tableaux illustrant les moments clés de la pièce :


Le compositeur Richard Strauss (1864-1949) s'est intéressé aussi à cette oeuvre et a mis l'adaptation allemande de Hedwig Lachmann en musique et a proposé son opéra "Salome" en 1905 à Dresde.
Retrouvons June Anderson dans ce rôle, en compagnie de Vincent Le Texier dans la peau du Baptiste, en 2001 :

mardi 20 mars 2012

L' Upupa,

und der Triumph der Sohnesliebe (La Huppe ou le triomphe de l'amour filial).

Opéra signé du compositeur allemand Hans Werner Henze, né à Gütersloh le 1er juillet 1926.
Influencé d'abord par Igor Stravinski, il s'initie à la musique sérielle.
C'est à partir de 1947 qu'il se libère de cette technique et compose, d'une manière plus libre, dix symphonies et une vingtaine d'opéras.
On lui doit également des musiques de films entre les années 60 et 80, tant en Allemagne qu'en France.

Un extrait de la création en 2003, lors du festival de Salzbourg de L'Upupa, inspiré au compositeur par des poèmes et légendes arabes et perses, dans une mise en scène de Dieter Dorn.

mercredi 11 janvier 2012

Final Fantasy VI

Les japonais ne font rien comme les autres !
Pour nous, "Final Fantasy" est un jeu de rôle vidéo avec une musique de fonds.
Au pays du Soleil Levant, c'est une composition digne d'un orchestre symphonique et de chanteurs lyriques.
Du 12 mars au 16 avril 2004, le Tokyo Philharmonic Orchestra dirigé par Konuke Onozaki, interpréta la partition de Nobuo Uematsu
dans un Tour du Japon.
En voici un extrait, le duo "Maria & Draco" façon opéra avec Wakako Aokimi, Tetsuya Ono et Hiroshi Kuroda :

 




dimanche 30 octobre 2011

Vide cor meum

Je n'aime pas les films d'horreur, même ceux qu'on dit réussis.
Je n'ai pas vu "Le Silence des Agneaux" mais j'ai découvert qu'on y trouve un air d'opéra.
Un extrait fort intéressant : "Vide cor meum", dû au compositeur irlandais Patrick Cassidy (1956, Claremorris), interprété par Katherine Jenkins,