Au nom du père

Il est des héros dont la mémoire collective ne garde pas le souvenir et c'est bien injuste.

En 1924, le canoë vient d'être inscrit au nombre des épreuves des Jeux Olympiques qui vont se tenir à Paris.
L'équipe de canoë à 4 des Etats-Unis est la grande favorite. Parmi ses membres les plus notables, Bill Havens.
Mais le jeune sportif vient de se marier et son épouse attend leur premier enfant.
En 1924, les moyens de transports sont bien plus lents qu'aujourd'hui et traverser l'Atlantique est une aventure.
En dépit des suppliques de sa femme qui lui demande de se rendre en France pour honorer une sélection qu'un athlète ne rencontre parfois qu'une fois dans sa vie, il décide de rester auprès d'elle pour l'assister lors de l'accouchement
C'est donc sans lui que l'équipe américaine gagne la médaille d'or.
La déception de ses admirateurs est d'autant plus grande que Madame Havens est en retard : le bébé se fait attendre. Bill aurait largement eu le temps de concourir et de revenir - le 1er août - pour prendre dans ses bras son petit Frank.
Toutefois, le champion ne manifestera jamais de regrets et prétendra toute sa vie qu'il avait fait le bon choix.

L'histoire ne s'arrête pas là.

1952 : Helsinki accueille les JO d'été et l'équipe américaine de canoë est encore une fois dans les favoris, en particulier un certain Frank Havens, 28 ans, médaillé d'argent sur 10 km en 1948.

Un matin, Bill Havens reçoit un télégramme de son fils : "Papa, j'ai gagné. Je te rapporte la médaille d'or que tu n'as pas eu pour avoir attendu ma venue au monde" !

Devant un choix difficile entre sa carrière et sa vie de famille, Bill Havens a tranché.
Et vous, vous auriez fait quoi ?