Karin Maria Boye est une poétesse suédoise, née le 26 octobre 1900 à Göteborg.
Affligée très jeune par la pureté, elle veut à comprendre le sens de la vie et si elle vaut vraiment la peine d'être vécue.
La recherche de la perfection du monde, de l'accomplissement de la bonté et de la beauté apparemment impossible la rongent.
Avec des mots simples et a priori naïfs, ses poèmes expriment sa douleur de vivre et son désir désespéré d'atteindre l'amour.
Amour lesbien qu'elle découvre dès ses 21 ans et qu'elle vit ouvertement dans une Scandinavie encore très prude.
Mais la vie est trop lourde pour elle, elle se suicide le 24 avril 1941.
Les anges sombres…
Les anges sombres avec des flammes bleues
comme des fleurs de feu dans leurs cheveux noirs
connaissent la réponse à d’étranges questions blasphématoires –
et peut-être savent-ils où va la passerelle
des gouffres de la nuit à la lumière du jour –
et peut-être savent-ils tout havre d’unité –
et peut-être y a-t-il dans la maison du père
une claire demeure qui porte leur nom.
(Pour l’amour de l’arbre, traduit du suédois par Régis Boyer)
Calme du soir
Sens comme est proche la Réalité.
Elle respire tout près d'ici
dans les soirs sans vent.
Elle se montre peut-être quand nul ne le croit.
Le soleil glisse sur les herbes et les roches.
Dans son jeu silencieux
se cache l’esprit de vie.
Jamais il ne fut si proche que ce soir.
J’ai rencontré un étranger qui se taisait
Si j’avais tendu la main
j’eusse effleuré son âme
quand nos pas timides se sont croisés.
(Pour l’amour de l’arbre, traduit du suédois par Régis Boyer)
Les pierres
Dieu nous avait donné de lourdes âmes de pierre.
Puis nous fûmes sur le rivage de la mer,
où les rayons bondissaient, où l'écume dansait,
où les mouettes voguaient dans la lumière.
Alors nous lançâmes les pierres pour jouer à mourir. Il
faut faire quelque chose des pierres.
Elles rasèrent la surface, elles ricochèrent en arcs, elles
glissèrent sur les abîmes comme des vents !
Et notre sommeil est heureux : l'effleurent des ailes,
des hirondelles en chasse au-dessus des eaux.
(Pour l’amour de l’arbre, traduit du suédois par Régis Boyer)
La consolation des étoiles
J’ai demandé cette nuit à une étoile
- lumière lointaine dans l’espace inhabité - :
“Pour qui brilles-tu, étoile inconnue?
Tu es si claire et belle.”
a fait taire ma plainte:
“Je brille pour une nuit éternelle.
Je brille pour un espace sans vie.
à l’automne tardif de l’univers.
Cette lumière est toute ma consolation.
Cette lumière suffit à ma consolation.”Son regard d’étoile,
Ma lumière est une fleur qui se fane
(Traduit en français par Caroline Chevallier )
Cette heure
Pas de ciel de nuit d’été sans un souffle
N’atteint si profondément l'éternité,
pas de lac, quand les brumes s’illuminent,
ne reflète l'immobilité comme
cette heure -
lorsque les limites de la solitude sont effacées
et que les yeux deviennent transparents
et que les voix deviennent aussi simples que les vents
et il n'y a plus rien à cacher.
Comment puis-je maintenant avoir peur?
Je ne te perdrai jamais.
(Traduction personnelle)