vendredi 29 janvier 2010
Les Clôches de Lisbonne
Pour preuve, cette adaptation d'un fado de Joao Bastos et Federico Valerio qu'il écrivit pour Gloria Lasso, en 1958 :
jeudi 28 janvier 2010
Alexandra David-Néel
Et on oublie quelques véritables "monuments" non pas du féminisme mais de l'humanité au sens large !
Louise Eugénie Alexandrine Marie David est née le 24 octobre 1868 à Saint Mandé.
Fille d'un instituteur républicain militant et ami de l'anarchiste Elisée Reclus, elle débute dans la vie active comme journaliste dans la revue féministe "La Fronde" qu'elle quitte bientôt car les revendications lui paraissent trop "bourgeoises" et peu encrées dans les réalités économiques rencontrées par les femmes de l'époque.
C'est alors qu'elle est chanteuse à l'Opéra de Tunis, après avoir brillé sur la scène de ceux d' Hanoï et d'Athènes, qu'elle rencontre son futur mari, Philippe Néel. Ils se marient en 1904.
Mais Alexandra s'ennuie : elle n'est pas faite pour être femme au foyer !
En 1911, elle part en Inde qu'elle a déjà visité à deux reprise au cours de tournées lyriques.
Elle se lie d'amitié avec le souverain du Sikkim, petit royaume himalayen du nord de l'Inde.
C'est là, en 1914, visitant des monastères où elle entend parfaire sa connaissance du bouddhisme, qu'elle rencontre Aphur Yongden, alors agé de 15 ans, qui l'accompagnera dans tous ses voyages et dont elle fera son fils adoptif.
Alexandra entre au Tibet, territoire alors inconnu des occidentaux et séjourne dans quelques monastères.
En 1916, elle doit quitter le Sikkim et rejoint le Japon où elle rencontre le philosophe Ekaï Kawagushi.
Puis gagne la Corée et entreprend la traversée de la Chine. Elle arrive à Pekin après un périple au coeur du désert de Gobi et de la Mongolie.
De là, elle part pour le Tibet. Pendant trois ans, elle réside au monastère de Kumbum où elle traduit un important texte bouddhique, la Prajnaparamita.
En 1924 elle entre à Lhassa, cité interdite, et devient le première occidentale à y séjourner.
Elle rentre en France avec Yongden en 1925 et y achète une maison près de Digne.
Elle raconte ses voyages dans de nombreux ouvrages qui rencontrent un grand succès.
On ne se doute guère, en Europe, de l’attraction extraordinaire qu’exerce, sur d’immenses populations, ce Thibet que les Occidentaux considèrent volontiers comme un état barbare dénué de toute importance. Cependant, de Peschaver, de Srinagar, de Darjeeling, de tous les points de l’Inde où l’on peut entrevoir, à des distances infinies, les cimes éclatantes de l’Himalaya, des hommes de toutes races, de toutes sectes se prosternent devant elles, saluant l’inaccessible Mérou des cosmogonies orientales, pivot de la terre et paradis d’Indra. Des rives de l’Amour, des bords du Baïkal, des confins du steppe tartare, des pèlerins partent et cheminent vers le Koukou-noor, vers les monts Kouen-loun. Au nord, au sud des fronts s’inclinent, de pieuses caravanes gravissent à six mille mètres au-dessus des houles de l’océan les vertigineux sentiers donnant accès au pays de leurs rêves mystiques...
Ce n’est pas au Dalaï-Lama seul qu’est due la singulière fascination émanant du « Pays des Neiges ». Il est, par excellence, la terre de la magie, du merveilleux. Un monde de génies, de fées et d’enchanteurs a toujours hanté ses solitudes désolées. Les dévots voyageurs qui se hâtent vers Kra-sis-lhum-po ou vers Lhassa ont mille sujets, mille buts divers qui les attirent. Ce sont les lacs sacrés que les Dakinîs effleurent de leurs robes éclatantes et dont les eaux limpides purifient de toutes souillures. C’est l’arbre de Kou-Boum, ce sont les abikheshas, les initiations mystérieuses ouvrant au fidèle les portes du monde des dieux et ce sont les dieux eux-mêmes, enfin, les dieux vivants et tangibles, répandus dans toute la contrée.
Le Pouvoir Religieux au Tibet (1915)
En Chine, ravagée par la guerre civile, elle côtoie la famine, les épidémies...
Avertie de la mort de son mari (en 1941), elle ne peut rentrer en Europe qu'en 1946 à cause de la guerre.
Elle reprend la plume et, à 100 ans, elle demande le renouvellement de son passeport...
Elle s'éteint le 8 septembre 1969, quatorze ans après Yongden.
Alexandra David-Néel avait fait l'objet d'un chapitre d'une série documentaire télévisée consacrée aux grand explorateurs.
A sa mort, un extrait de l'interview qu'elle avait accordé pour cette émission a été rediffusé : écoutez bien avec quelle vivacité d'esprit elle répond aux questions (elle est plus que nonagénaire à l'époque!) et de quelle acuité intellectuelle elle fait preuve.
Une leçon pour l'intelligentia auto-proclamée d'aujourd'hui !
mercredi 27 janvier 2010
Anna Russell
Née le 27 décembre 1911 à Londres, elle fait ses études à la Royal Academy of Music.
Mariée et divorcée deux fois, elle commence sa carrière en 1931 comme chanteuse folk à la BBC. Sa mère étant canadienne, à la mort de son père en 1939, la jeune Anna émigre à Toronto.
C'est en 1940 qu'elle connait le succès comme chanteuse lyrique parodique d'abord à la radio puis en tournée sous la direction du chef d'orchestre Sir Ernest MacMillan.
En 1948, elle débute à New York et crée sur Broadway des comédies et des musicals de Noel Coward, entre autres.
Les tournées se succèdent, parsemées de rôles dans de vrais opéras.
De Carnegie Hall au Royal Albert Hall, la renommée de son one-woman-show est à son apogée à la fin des années 60.
Elle enregistre alors ses propres compositions et obtient même plusieurs récompenses.
Elle tint la scène jusqu'à plus de 70 ans avec son spectacle humoristique consacré au décryptage des grandes oeuvres lyriques.
Elle s'est retiré au début des années 80 à Unionville, en Ontario.
Anna Russell nous a quitté le 18 octobre 2006.
Voici ce qui demeurera sans doute comme son chef d'oeuvre, le décryptage du "Ring" de Richard Wagner (c'est en anglais, d'accord, mais elle a une si bonne diction qu'on peut la suivre facilement même si on n'est pas parfaitement bilingue...) :
mardi 26 janvier 2010
Les Baleines du Mois d'Août
Dernière réalisation du britannique Lindsay Anderson (1923-1994),
"The Whales of August"est une chronique mélancolique qui se déroule dans le Maine, dans une maison du bord de mer.
Deux soeurs, Libby et Sarah, au crépuscule de leur vie, attendent, comme chaque année le passage des baleines, au large, qu'elles aiment regarder par ces douces après-midi d'été comme un symbole de la continuité du monde.
Sarah est très dévouée à sa soeur, presqu' aveugle. Elles reçoivent parfois la visite de leur amie de jeunesse Tisha ou de Mr Maranov, ancien marin pêcheur qui semble attiré par Sarah.
Rien ne se passe, que le fil du temps, l'évocation des souvenirs, l'attente des cétacés, dans la douce lumière de ce coin paisible de Nouvelle Angleterre.
Les quatre personnages sont incarnés par de vieilles gloires du cinéma muet, et qui ont, plus ou moins, continué une carrière dans le parlant :
Lillian Gish est Sarah et l'immense Bette Davis joue le rôle de Libby.
Ann Sothern, pétillante Tisha est accompagnée de Vincent Price, Mr Maranov.
Outre la description attendrie de la fin de la vie, de la langueur des jours, des souvenirs qui sont plus réels que le quotidien, c'est émouvant de voir ces personnages parler des beaux jours enfuis alors que les acteurs doivent ressentir réellement les mêmes sentiments...
90 minutes d'évasion dans un univers de paix, de calme...
lundi 25 janvier 2010
Un peu de sport...
La suite ?
J'aurais bien aimé que les matches du Lycée, de la Fac ou du Service Militaire aient été aussi...chauds et humides !
Bon, allez, on se sèche, on se rhabille et demain retour à la culture ! Ah mais !
dimanche 24 janvier 2010
L'Ile des Morts
Le peintre allemand Arnold Böcklin a peint entre 1880 et 1888, 5 toiles représentant l'arrivée sur un ilot rocheux et quasi désertique d'une barque transportant un cercueil veillé par une fantomatique silhouette blanche...
Si l'une d'elle est aujourd'hui perdue, les quatre autres suscitent toujours interprétations et exégèses de tous poils...
Elles ont fourni à la télévision italienne une occasion de réaliser ce très joli montage :
Sergueï Rachmaninov a composé une suite orchestrale portant ce titre; en voici la première partie par l'Orchestre Symphonique de Baden-Baden :
C'est enfin un roman de science fiction de Roger Zelazny :
Francis Sandow est le doyen de la race humaine bien que son corps soit celui d'un jeune homme. Sa fortune est l'une des plus colossales de l'univers connu, mais surtout il est l'un des vingt-six Noms vivants. C'est-à-dire qu'en lui-même réside, en plus de sa personnalité humaine, celle du dieu Shimbo de l'Arbre Noir. Jadis il a façonné, par sa seule puissance psychique, l'Ile des morts sur une des planètes de son domaine. Aujourd'hui, un inconnu a rappelé à la vie plusieurs amis ou ennemis de Sandow, disparus depuis des siècles. Celui-ci est obligé de quitter son monde de luxe et d'oisiveté pour affronter l'ennemi qui cherche sa perte. Mais ce dernier a usurpé le Nom d'une autre divinité et deux forces cosmiques colossales vont se heurter sur l'île des morts.
Dans le style flamboyant caractéristique de cet auteur, c'est un court roman très marquant par son originalité et sa puissance d'évocation onirico-cauchemardesque : à découvrir !
samedi 23 janvier 2010
Bonsoir John-John
Et quand je l'ai réécoutée...à la fin, j'avais les larmes aux yeux !
Vous vous souvenez de l'image de ce petit garçon, le 23 novembre 1963, saluant le dernier voyage de son papa ?
Imaginez,
dans les appartements que leur avaient laissé leurs amis, les Johnson,
le temps qu'ils se remettent du drame ce que sa maman aurait pu lui dire ce soir là...
mort le 16 juillet 1999 au large de Martha's Vineyard
vendredi 22 janvier 2010
Nikolaï Petrovitch Rezanov
En 1795, le baron Nikolaï Petrovitch Rezanov, âgé de 31 ans, désire transformer la compagnie de commerce de fourrures qu'il dirige depuis la mort de son associé Chelikov, en une entreprise qui, à l'image de la Compagnie des Indes orientales britannique, aurait l'exclusivité de ce négoce dans les territoires russes d'Amérique, comprendre l'Alaska.
Il réussit à convaincre la Grande Catherine II, mais elle meurt avant que la compagnie soit matériellement créée.
Paul Ier, le nouveau tsar, renouvelle l'accord de la couronne et cette fois, Rezanov installe sa société, la Compagnie Russe-Américaine, qui est autorisée à exploiter l'ensemble des îles et territoires au nord du 55° parallèle. Il met alors sur pied une expédition pour gagner la capitale de la colonie d'Alaska, Nouvel-Archangel.
Sa mission, est d'abord diplomatique au Japon, limite sud de son territoire d'exploitation. Puis il est invité, au début de l'année 1805, à regagner l'Alaska pour y mettre en place une véritable administration et corriger les abus de gestion qui y sévissent, compromettant la survie de la Compagnie Russe-Américaine jusque là prospère.
Rezanov organise la colonie, créé des écoles, des hôpitaux et prend les premières mesures de protection de la faune sauvage afin d'éviter la surexploitation des ressources.
A la fin de l'hiver, il affrète deux navires, "Juno" et "Avos", pour rejoindre les implantations espagnoles de Californie dans l'espoir d'y établir des rapports commerciaux.
S'il est bien reçu par les autorités locales, on le laisse ignorer que la couronne d'Espagne interdit à ses colonies d'entretenir des relations commerciales autonomes. Toutefois, son habileté diplomatique convainc le Gouverneur de Californie d'écrire à son roi pour demander une dérogation en vue de lier des relations avec la Russie.
Rezanov oublie un peu les affaires : il tombe sous le charme de la fille du gouverneur militaire de San Francisco, Concepcion Argüello. Mais elle est catholique et lui orthodoxe : il doit rentrer à Saint Petersbourg pour demander au tsar l'autorisation de l'épouser.
Au passage, un projet de traité commercial en poche, il conquiert l'Ile de Sakhaline, occupée par les japonnais.
Sur le chemin du retour vers l'Amérique, dans le froid glacial du Kamchatka, Rezanov succombe aux fièvres. Sa fiancée californienne, une fois la nouvelle de sa mort confirmée, entrera au couvent et lui survivra 35 ans.
Son rêve, clairement exprimé dans sa correspondance, d'annexer toute la côte ouest de l'Amérique et d'en faire un bastion de peuplement et de colonisation russe s'éteint avec lui.
Il aurait pu changer le cours de l'Histoire et la géopolitique pour les siècles à venir, mais le Destin en a voulu autrement.
En 1979, le compositeur Alekseï Rybnikov et le poète Andreï Voznessenski écrivent le premier opéra-rock russe en reprenant l'histoire de Rezanov.
Ils centrent l'intrigue sur son escale en Californie et son histoire d'amour avec la jeune Concepcion.
C'est le nom des deux bateaux de l'expédition qui est donné en titre à l'ouvrage.
Créé en 1982, "Juno & Avos" est un énorme succès et se jouera pendant 25 ans au théâtre Lenkom de Moscou.
C'est le comédien-chanteur Nikolaï Karatchentsov qui incarne Rezanov.
Voici deux extraits de ce spectacle devenu culte en Russie et dont l'argument nous laisse à penser que, décidément, les hommes ont bien un rôle à jouer dans le fil de l'Histoire...
jeudi 21 janvier 2010
Corto Maltese
Il est né en 1967 sous la plume d' Hugo Pratt (1927-1995),
mais a vécu ses aventures tout autour du globe entre 1904 et 1925...
Personnage mythique de la bande dessinée, à tel point qu'on ne sait plus très bien si il a réellement existé ou s'il est une allégorie de l'humanité toujours en quête de quelqu'un ou quelque chose...
Comme de nombreux héros de bédés cultes, Corto Maltese est devenu un personnage de film d'animation.
Une série de 5 films d'une heure 30 environ retrace quelques unes des pérégrinations du beau capitaine :
"La Cour Secrète des Arcanes", "Sous le Signe du Capricorne", "La Ballade de la Mer Salée", "Les Celtiques" et "La Maison Dorée de Samarkand".
Si on y retrouve les subtilités des scenarii d'origine, et que l'animation est un beau travail, digne du Tintin des Studios Ellipse, je trouve que la poésie nonchalante des albums s'est évanouie, mais c'est sans doute le lot de toute adaptation cinématographique d'une bande dessinée...
Comme toutes les stars, Corto Maltese a fait de la publicité...
Salut Capitaine...!
mercredi 20 janvier 2010
Blackadder
Il a imaginé, avec son compère Ben Elton, un autre "heros" dont les téléspectateurs britanniques, puis ceux d'Arte, ont pu suivre les aventures au fil des siècles, un différent par saison.
Tout commence sous le règne d'Henri II Plantagenet : Edmond Blackadder est le rejeton bâtard du roi et intrigue pour occuper de hautes fonctions à la Cour en dépit de sa naissance...
Nous le retrouvons ici, en archevêque trafiquant de reliques saintes :
Dans la saison 2, Blackadder est un noble conseiller de sa Gracieuse Majesté, la Reine Vierge, Elisabeth Ière.
Dans la séquence qui suit, il se fait voler sa promise, le jour de ses noces, par son vieil ennemi, le Capitaine Flashheart et doit, selon la coutume, se rabattre sur la dame de compagnie de la belle, incarnée ici par son valet Baldrick...
La série suivante nous emmène à Brighton, dans les appartements du Régent,
futur George IV, personnage excentrique aux facultés intellectuelles sujet à caution....Blackadder reçoit, dans cet extrait, deux acteurs superstitieux :
Enfin, la saison 4 se déroule dans les tranchées de la Première Guerre Mondiale...
Voici la visite du général à la compagnie dirigée par Blackadder :
mardi 19 janvier 2010
Bénabar
De son vrai nom, Bénabar s'appelle Bruno Nicolini, et est né le 16 juin 1969 à Thiais (Val-de-Marne).
Depuis ses débuts en 1997, il a déjà glané plusieurs récompenses dont 3 Victoires de la Musique :
- meilleur album de variétés en 2003 pour "Les risques du métier"
- meilleur artiste interprète masculin en 2007
- meilleure chanson originale pour " Le dîner" en 2007 également.
Son style, c'est de composer des vignettes généralement humoristiques, parfois mélancoliques, toujours évocatrices du quotidien de tout-un-chacun.
Pour preuve voici un sourire avec cette évocation d'une soirée autour d'une "Pierrade" :
Un autre aspect du talent de Bénabar, c'est cette tirade acide, retour doux-amer sur les amours de l'adolescence, "Je suis de celles" :
lundi 18 janvier 2010
Un Monde de Femmes
Bientôt, Chernon prononcera le vœu des braves, comme tous les adolescents de son âge. Il accablera d'insultes les dissidents qui quitteront la garnison par la Porte des Femmes. Il partira à la guerre : c'est sa mission, son honneur d'homme. Stavia, elle, tâchera d'oublier Chernon. Comme toutes les jeunes filles, soumise, elle apprendra la médecine, s'initiera au savoir des livres anciens. Peut-être même se joindra-t-elle à l'une des missions d'exploration des zones de désolation. Les femmes ont tant à faire pour retrouver les connaissances d'avant le cataclysme ! Ainsi va la vie dans la Fédération. Aux hommes la noblesse des armes, aux femmes l'humble mission d'assurer la survie de la communauté. Injuste, cette discrimination rigide ? Mais à y regarder de près, le pouvoir, le vrai, n'est peut-être pas là où on l'imagine…
C'est ainsi qu'est résumé, sur la quatrième de couverture, ce roman de la romancière américaine Sherri S.Tepper (né en 1929) dont le titre original est "The gate to Women's Country".
Il s'agit là d'une parabole féministe cruelle mais nécessaire : on s'attache au garçon dont on comprend assez vite qu'il n'appartient pas vraiment à la classe dominante et on devine que les parades martiales sont des trompe-l-oeil tragiques.
Car l'histoire finit mal, mais y-a-t-il une autre voie pour ce monde meurtri par un holocauste ?
Sherri Tepper affiche clairement ses options politiques et sociétales mais sait nous peindre avec ce qu'il faut de tendresse "l'autre camp" et ses membres frappés par une malédiction qui les dépasse...
Un tableau sombre mais attachant qu'on n'oublie pas, même si on n'est pas un passionné de la gente féminine...
dimanche 17 janvier 2010
Les Perses
Il a fallu un sacré culot au Directeur Général des Programmes de l'époque pour imposer la diffusion de cette pièce de théâtre à 20 heures 30.
Pensez donc : une oeuvre d'Eschyle, dramaturge grec du Vème siècle avant Jésus Christ ! Et qui raconte la bataille de Salamine du point de vue de l'ennemi vaincu, les Perses , ou plus exactement, de la cour du Roi des Rois, Xerxès !
Et pour respecter la forme originale du théâtre antique, le texte a été mis en musique et est partiellement chanté !
Le tout dans un décor épuré, interprété par des comédiens au jeu hiératique, le visage recouvert d'un masque !
L'adaptation et la réalisation sont signées Jean Prat, un des maîtres de la petite lucarne des débuts; la musique de Jean Prodromidès participe de la dramaturgie et souligne l'inquiétude puis la douleur des hauts personnages qui se lamentent devant nous.
J'avais à peine huit ans et pourtant je me souviens encore de l'impression indicible que me fit cette représentation.
Alors c'était ça la télévision ! Un univers de rêve qui montrait l'Histoire comme un spectacle vivant ! Une fenêtre ouverte sur un monde imaginaire plus réel que le quotidien !
Ceux qui étaient devant le poste ce soir là ont gardé longtemps la nostalgie de cette création.
Heureusement, l' INA l'a récemment édité en dvd et tout le monde peut enfin apprécier cette merveille que l'on doit à l'audace d' Albert Ollivier, un de ceux qui ont fait la grandeur de la télévision française.
samedi 16 janvier 2010
La Coupe d'Australia II
Le 22 août de cette même année, "America" devance de 8 minutes 132 bâteaux britanniques dans une régate autour de l'Ile de Wight.
L'équipage reçoit une aiguillère en argent en récompense de leur victoire.
Les derniers marins survivants firent don du trophé au New York Yacht Club en 1857, précisant qu'il serait l'objet désormais d'"un challenge amical entre les nations".
Ce n'est qu'en 1870 que le premier défi fut lancé à l'initiative du député James Lloyd Ashbury.
Ses navires, Cambria en 1870 et Livonia en 1871 furent battus.
Les canadiens tentèrent leur chance en vain en 1876 et 1881.
L'espoir de récupérer la Coupe, dorénavant dénommée "America's Cup", ne quitta pas les anglais.
Plusieurs challenges eurent lieu jusque dans les années 1930, entre autre sous la conduite du magnat de l'agro-alimentaire, Sir Thomas Lipton et ses cinq "Shamrock" successifs.
Mais les "defenders" américains restaient maitres sur leurs eaux, même si l'édition de 1920 se termina sur un 3 à 2 et une dernière régate très disputée !
Ce n'est qu'en 1962 qu'une nouvelle nation s'aligna : l'Australie .
Gretel fut le seul bateau non anglais à prendre une manche au tenant de la Coupe.
Après plusieurs tentatives, vint le défi de 1983.
Les sept régates se disputèrent du 14 au 26 septembre dans la baie de New York.
Après un bon départ, Liberty, le defender, a engrangé les deux première courses, mais Australia II revient à 2-1.
Les américains ne baissent pas les bras et Dennis Conner, le skipper, leur donne une troisième manche : 3-1 !
John Bertrand, le skipper australien et son équipage, réalisent alors l'impensable : ils allignent 3 régates de suite et mettent un terme à la suprématie américaine, vieille de 132 ans !
L'événement est historique et toute une nation célèbre le triomphe de leur bateau dans la plus ancienne compétition sportive des temps modernes.
Pour l'anecdote, Dennis Conner était le tenant de la Cup qu'il avait conservé en 1974 avec Courageous, ainsi qu'en 1980 avec l'équipage de Freedom. Il récupèrera le trophé en 1987 sur Stars ans Stripes 87 et le gardera en 1988 avec le même navire.
C'est à ce jour le recordman de victoire dans la compétition et demeure une icône de la voile US, même s'il est aussi le premier defender à l'avoir perdu....Honneur suprême, un film lui a été consacré, "Wind" qui retrace la reconquête de la Coupe.
vendredi 15 janvier 2010
James Bidgood
C'est bien joli à regarder, mais je ne sais pas ce que l'artiste veut exprimer de la réalité gay ou plus généralement humaine dans ces chromos, sympathiques certes, mais un peu gratuits à mes yeux...
jeudi 14 janvier 2010
Bacchianas Brasileiras
Inspiré par les airs traditionnels et le folklore, il a réussi à traduire l'âme de son peuple en notes et à faire entrer ce gigantesque pays dans la sphère de la musique dite classique.
Il s'est toujours démarqué des formes académiques et a modelé un style propre.
Il laissa environ 1 000 oeuvres de tous styles, dont 12 symphonies, 17 quatuors à cordes, des opéras, des ballets, des suites, des poèmes symphoniques, des concertos, des œuvres vocales, des pièces pour piano, de la musique religieuse et des musiques de film...
Ses "Bachianas Brasileiras" sont les plus connues de ses compositions.
Voici un extrait de la plus célèbre, la numéro 5, et plus précisément l'"aria cantilena" interprétée divinement par la cantatrice lettone Elina Garanca :
mardi 12 janvier 2010
Neverland
Il y retrace un épisode crucial de la vie du romancier anglais James Matthew Barrie.
Auteur dramatique dont les pièces sont des échecs successifs, Barrie, en mal d'inspiration, promène son chien Porthos dans un parc londonien.
Il y rencontre Mrs Sylvia Llewelyn Davies, une veuve, et ses quatre garçons.
Une amitié profonde nait entre eux.
Cette relation, mal vécue par la femme de l'écrivain et la grand-mère des enfants, va redonner du souffle à l'imagination de Barrie qui produira pour eux son chef d'oeuvre : Peter Pan.
La reconstitution des décors et des costumes est admirable et Johnny Depp est un James Barrie très convaincant et très émouvant. Kate Winslet est Sylvia Davies et les garçons - ainsi que le chien - sont parfaits dans leurs rôles de muses malgré eux.
Jolie musique de Jan Kaczmarek qui enveloppe l'histoire du romantisme désiré sans mièvrerie.
Le film est passé un peu inaperçu en France car Peter Pan ne fait pas partie de notre culture et c'est bien regrettable : cette histoire intemporelle, voire éternelle, de la jeunesse heureuse, de l'initiation au monde adulte, de la fuite du temps et de la quête du bonheur au prix de la trahison de ses idéaux d'enfant, mérite qu'on s'y arrête, qu'on la médite, et qu'on en rêve...
La scène de la rencontre :
La création de Peter Pan :
lundi 11 janvier 2010
Concours Eurovision (25) : La Source
1968 France
"La source" par Isabelle Aubret.
Paroles de Guy Bonnet et Henri Djian, musique de Daniel Faure.
3ème sur 17, avec un système de vote différent d'aujourd'hui, le nombre de point ne serait pas parlant.
Il a fallu une sacrée dose d'audace aux responsables des variétés de l'ORTF pour proposer une chanson qui, sur une musique alerte et servie par la voix fraiche et l'allure pimpante d'Isabelle Aubret, nous raconte en 3 minutes l'histoire d'un viol mortel !
Pour un spectacle aussi consensuel que l'Eurovision, il fallait oser !
40 ans plus tard, c'est toujours la même force du texte et le même coup de poing à l'estomac !
Plus qu'un grand moment de télévision ou de musique, un pas de géant pour la conscience humaine !
dimanche 10 janvier 2010
Henry de Monfreid
Fils d'un peintre et graveur, il côtoie Paul Gaugain qui est un ami de son père.
Il se lie d'amitié avec le Père Pierre Teilhard de Chardin en rentrant de Djibouti en 1926.
C'est vers cette ville qu'il s' était embarqué en 1911 : il y fût négociant en café et en peaux, construisant son propre boutre, l'Altaïr. Sa connaissance de la région de la Mer Rouge en fit un auxiliaire précieux pour l'armée française lors de la Première Guerre Mondiale.
En 1914, converti à l'islam sous le nom d'Abd el Haï, il devint contrebandier : perles, armes, hachich, les bénéfices sont investis dans une minoterie et une centrale électrique.
Il rencontra Joseph Kessel qui lui conseilla d'écrire des livres pour raconter sa vie ! Dans les années 30, ses récits rencontrèrent un énorme succès.
La mousson d'hiver, dite assieb sur la côte d'Arabie, soufflait dans toute sa violence sur la mer blanche d'écume.
Indifférent au sable qui crépite et flagelle, un vieil homme, la peau tannée par le soleil et l'air marin, travaillait torse nu sur la plage de Doubaba, en Yémen. C'était le charpentier de marine Mohamed Abdallah.
Avec des gestes mesurés, sûrs et précis, lents comme ceux d'un rite, il manie le kaddoum et l'archet de sa perceuse ainsi que le faisaient ses ancêtres sabéens tandis que son marteau frappe le bois sonore au rythme des mêmes chants.
Sur ces rives affranchies des saisons, il semble lui aussi immuable et sans âge, confondu en la pérennité du désert et de la mer.
Derrière lui, dans un brouillard de poussière et de sable, les dattiers échevelés, ployant sous les rafales, secouaient leurs palmes en gestes fous, tandis que les cris aigus des oiseaux de mer emplissaient le ciel d'une clameur d'apocalypse. Ils tournoyaient là-bas sur le récif où se brise la houle, pour happer le fretin que pourchassent les grands carnassiers.
Tout à coup leur vol s'infléchit vers le charpentier. Des centaines d'oiseaux le frôlent de leurs ailes pour lui rappeler l'heure du repas où chaque jour, sans la moindre crainte, ils lui dérobent ce qu'il porte à sa bouche.
Leurs yeux perçants ont vu venir un gamin qui, là-bas, lutte contre le vent avec la gamelle de senounna - riz au poisson - et le kitlé de thé sirupeux, seul et unique repas avant la prière d'El Dor, c'est-à-dire midi.
L'enfant pouvait avoir douze ans, mais à son allure décidée, à cet air sérieux qu'on ne saurait attendre d'un gamin de chez nous, on lui en eût donné quinze ou seize.
Ses grands yeux noirs, limpides comme ceux des antilopes, avaient ce regard direct et franc qui laisse pressentir la volonté et le courage de l'homme de demain.
Il se nommait Zeït, fils unique et longtemps attendu du vieil Abdallah qu'un ironique destin avait accablé d'une succession de filles. Enfin exaucé au seuil de la vieillesse il pouvait se dire comme tout bon musulman :
" Je ne mourrai pas, j'ai un fils... "
Respectueux des traditions, le brave homme avait tenté de lui enseigner ce qu'il avait reçu de son père comme un dépôt sacré : ce métier de constructeur de navires, ces zarougs aux formes harmonieuses, nées semble-t-il des mouvements de la houle.
Hélas, tout fut vain. Un irrésistible atavisme entraînait l'enfant vers la mer avec une telle force que le père eut la sagesse d'accepter d'emblée ce qui fatalement, tôt ou tard, devait être puisque tout est écrit...
"L'Homme aux Yeux de Verre", roman.
"On sent que cette grande ville n'était pas l'oeuvre de ces Arabes; c'est une autre civilisation qui l'a édifiée, aussi sont-ils indifférents au lamentable sort de ces palais écroulés. Ils préfèrent leur hutte de nomades où le vent passe librement et anime l'ombre des heures chaudes de mille voix mystérieuses.
Il faut avoir vu vivre dans l'éternel printemps de leurs montagnes ces hommes sans souci de l'heure, pour mesurer tous les ravages qu'une civilisation étrangère pourrait porter au bel équilibre de leur vie simple.
Moka est une ancienne place forte, jadis entourée de hautes murailles en briques, flanquées de nombreux bastions. Ce n'est aujourd'hui qu'un chaos de décombres, où quelques plates-formes subsistent encore, montrant par les brèches les vieux canons de fonte étendus au soleil, à même le sol comme de gros lézards. Aucune maison n'a été réparée; seule, la grande bâtisse où demeure l'Amer Abdul Galil et une autre occupée par un négociant italien sont intactes.
Dans ce labyrinthe de murs écroulés, les soldats campent comme ils le font dans la brousse; quant aux habitants, ils occupent la partie de la ville opposée à la mer, en bordure de la palmeraie. Là ils ont créé un village tout à fait selon leur goût, avec des paillotes de branchages à toit de nattes et des baraques en caisses à pétrole tendues de toiles de sac.
La palmeraie de dattiers s'étend vers la plaine torride où les buissons de Rak font une verdure tendre d'une illusoire fraîcheur.
"Les derniers jours de l'Arabie Heureuse", carnets, 1935.
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, vivant en Ethiopie occupée, il fut plus ou moins contraint de travailler pour les italiens ce qui lui valut d'être déporté au Kenya à la fin de la guerre par les Britanniques.
Il rentra en France en 1947.
Outre ses livres, il a immortalisé sa vie d'aventures dans des films et des peintures.