Mon cher Steeven,
On fait vraiment un drôle de duo tous les deux !
Quoi, je pourrais largement être ton père, non ?
Et j'ai un penchant aussi exclusif pour les beaux mecs
que toi pour les jolies femmes !
Sportif de haut niveau, tu es un bricoleur surdoué et moi, le licencié de philosophie maladroit de ses mains, je fus employé de banque. Comme univers différents, ça se pose là, il me semble !
Moi je vénère Françoise Hardy
et les longs métrages intimistes,
alors que toi qui écoutes en boucle du r'n'b et kiffes les films d'actions !
Comment, par quelle étrange alchimie, avons nous pu nous entendre si bien,
comme une évidence instinctive ?
J'étais loin de penser, en cette fin juillet 2012, que pousser la porte du club de fitness que tu animais,
au rez-de chaussée de l'immeuble de bureaux où mon boulot venait d'émigrer, allait changer ma vie.
Je n'étais pas encore pleinement remis d'une méchante pneumocystose, du moins au moral !
Mon appétit de vivre s'effilochais lentement mais sûrement :
j'étais trop vieux pour séduire, alors à quoi bon entretenir mon corps ?
Le monde me faisait peur, alors voyager...
La création contemporaine me semblait fade, dérisoire et décadente.
Finis les livres, le cinéma, les spectacles...
Le temps qui passait n'était porteur que de déclin inexorable.
Et cette horrible expression, "de mon temps", émaillait mes propos plus que de raison.
Ce doit être magie que de m'avoir redonné confiance en moi.
Qu'y avait-il donc dans l'air de cette salle de sport pour que je te fasse cette confidence dont les détenteurs officiels se comptent sur les doigts d'une seule main ?
D'abord, et c'est la moindre des choses pour un coach sportif, sous ta houlette,
j'ai retrouvé le plaisir de l'exercice physique.
Comme une conséquence automatique, je me suis senti apte à sortir de nouveau en boite de nuit, pour draguer. Je pouvais et j'avais envie de séduire.
J'ai repris goût aux créations de l'époque, du slam aux films de super héros.
Je me suis intéressé aux nouvelles technologies - j'ai même pris un smart-phone !
Bref, j'ai rouvert le livre de mes curiosités.
J'ai banni de mon vocabulaire les formules passéistes.
J'ai considéré le monde de demain autrement et regardé le fil des jours autrement que comme une embardée fatale.
Enfin, envisagé la retraite comme une libération et non comme un avant poste de la mort.
Ce que j'ai appris de ta vie, de tes expériences, de tes audaces m'a ouvert les yeux.
Ainsi, la jeunesse de ce temps n'était pas cette bande veule, assistée
et envieuse du confort des fonctionnaires.
Le goût de l'effort, du travail bien fait, de l'initiative et de leur juste rétribution :
tu portes tout cela en toi.
Comme tu portes des valeurs morales fortes, structurantes et essentielles;
de celles qui charpentent un individu et en font un
honnête homme.
Bon, je te sais pudique, peu enclin à t'épancher ou à recevoir des éloges,
mais je tenais à te manifester ma reconnaissance d'être toi et d'être mon ami.
Et te souhaiter un très heureux 33 ème anniversaire !
Alors, je sais que ce n'est pas vraiment ton kif, ni comme chanteur ni comme répertoire, mais je n'ai pas trouvé mieux pour symboliser à la fois notre amitié et nos différences.
En 1984, Michel Sardou compose la musique de cette chanson sur un texte de
Jean-Loup Dabadie.
Elle est inspirée par la fameuse phrase de Michel de Montaigne justifiant ainsi auprès de ceux qui s'en étonnaient, son affection pour un garçon fort opposé à ce qu'il était et à ce qu'il croyait,
Etienne de La Boétie :
"Parce que c'était lui, parce que c'était moi"
Le refrain qui fait allusion à une femme qui s'interpose entre les deux amis, n'est évidement pas à prendre en compte...😉