James Graham Ballard est un écrivain britannique, né le 15 novembre 1930 à Shangaï où son père est un homme d'affaire de renom.
Vous le connaissez si vous êtes cinéphile par son autobiographie, "L'Empire du Soleil", adaptée par le génial Steven Spielberg en 1987.
Mais la gloire de J.G.Ballard, ce sont ses romans, inclassables, étranges et poétiques.
On les range dans le tiroir de la science fiction car ils se déroulent dans un avenir proche, mais assez lointain pour être différent de notre quotidien.
Deux "séries", qui peuvent être lus séparément, sont réputées "cultes" :
Les quatre éléments
Vaughan est mort hier dans son dernier accident. Le temps que dura notre amitié, il avait répété sa mort en de multiples collisions, mais celle-là fut la vraie. Lancée vers la limousine d'Elizabeth Taylor, sa voiture a franchi le garde-corps du toboggan et a plongé à travers le toit d'un car plein de voyageurs. Les corps broyés des touristes étaient toujours plaqués sur les sièges de vinyle quand je me suis frayé un chemin parmi les policiers. Nous rêvons tous à l'apocalypse de demain, guerre nucléaire ou naufrage écologique. L'accident de voiture est l'apocalypse d'aujourd'hui, la rencontre du désir et du réel, l'union de la technologie et du cauchemar sur le cadavre de la vie affective. Vaughan était un solitaire acharné à jouir des noces rouges de la chair et du métal. La catastrophe est-elle désormais le point suprême de toute vie érotique ? |
Il atteignit le remblai et agita un bras en criant en direction des voitures. Mais aucun conducteur ne pouvait le voir, ni moins encore entendre ses petits appels de coq famélique. Il s'en rendit compte et préféra se taire pour ménager ses forces. Alors, il essaya de grimper, monta d'un mètre et retomba en tas de chiffons dans la boue. Cette fois, délibérément, il tourna le dos à l'autoroute, et pour la première fois se mit à inspecter l'île. «Mon pauvre vieux, c'est le vrai naufrage. Robinson Crusoé. Si tu ne fais pas attention tu restes échoué là-dedans jusqu'à la fin de tes jours». Il ne disait que trop vrai. Ce terrain vague oublié à la jonction de trois voies express était littéralement une île déserte. |
I.G.H. décrit la rapide dégradation de la vie dans un immeuble de mille appartements répartis sur quarante étages. La population apparemment homogène de ces logements coûteux ne va pas tarder à se scinder en clans. A mesure que les querelles entre voisins dégénèrent en guerres tribales, Ballard, d'un appartement à l'autre, décrit l'éventail de possibilités que l'existence dans ces cellules capitonnées d'un genre inédit offre à ses hôtes aliénés. La lutte des classes, ici, est réglée par la topographie et ce récit, qui commence dans le pétillement du champagne, s'achèvera dans le sang. |
Vermilion Sands, a écrit J. G. Ballard, c'est la banlieue exotique de mon esprit. Désert, mer de sable, lacs fossiles, récifs de quartz. Paysage abstrait semblable à ceux peints par Dali ou Max Ernst. Vermilion Sands est une bizarre station balnéaire auprès d'un océan de sable. Avec son mal des plages, sa mélancolie d'arrière-saison. Avec ses milliardaires excentriques, ses artistes désoeuvrés, ses belles et riches héritières désaxées, trompant leur ennui dans de morbides passe-temps. Vermilion Sands, où l'on écoute la musique des fleurs et le chant des sculptures, où les poètes se servent de machines à poésie, où l'on sculpte les nuages en avion, où l'on habite des maisons façonnées par l'inconscient de leurs habitants, où l'on porte des vêtements vivants… |
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