Issue d'une famille très conservatrice, elle tente, sans succès, de devenir professeur de dessin.
Faute de réussir, elle entre dans les ordres en 1959, chez les dominicaines où elle devient Soeur Luc-Gabriel.
Elle s'attire le sympathie de ses coreligionnaires grâce à ses compositions à la guitare.
Ses supérieurs lui proposent d'enregistrer un disque et signent en son nom - voeux de pauvreté obligent - un contrat avec Philips par lequel les droits d'auteur-compositeur de Jeanne sont partagées entre le couvent et la société de production.
Ainsi, Soeur Luc-Gabriel devient Soeur Sourire, sans que son image n'apparaisse sur les pochettes.
Extrait de son album, la chanson consacrée au fondateur de son ordre, "Dominique", est un véritable raz-de-marée qui balaye toute l'Europe.
Tant et si bien que Philips fait paraître le single puis l'album aux Etats-Unis.
L'album occupe pendant 10 semaines la première place du Billboard 200 de fin 1963 ( les radios diffusent la chanson après la mort du président Kennedy) à début 1964 et le single est numéro 1 tout le mois de décembre 1963.
Débordant les USA, le succès gagne le Canada, l'Australie et la Nouvelle Zélande, avant de déferler sur l'Amérique Latine.
Le deuxième album - "Sa Joie, ses Chansons" - paru l'année suivante ne rencontre pas le même succès, mais se classe néanmoins 90° au Billboard 200.
Soeur Sourire, rebaptisée outre Atlantique "The Singing Nun", est même nommée aux Grammy Award 1964 comme meilleure chanteuse et remporte le trophée de la meilleure chanson religieuse.
Ed Sullivan, pour son show, lui rend visite dans son couvent de Fichermont.
Ses chansons sont reprises par Debbie Reynolds dans le film qui retrace son histoire :
Mais aux termes du contrat, tout cela se passe sans l'intéressée qui, du fond de son couvent, tente de se consacrer, en vain, à l'étude de la théologie.
Devant son échec, elle admet que sa vocation était une illusion.
Elle quitte les ordres en juillet 1966.
Ne pouvant conserver le nom de Soeur Sourire qui appartient toujours au couvent et à Philips, c'est sous le nom de Luc Dominique qu'elle entreprend une seconde carrière musicale.
Installée en couple avec Annie Pécher, Luc Dominique a bien du mal à imposer sa nouvelle orientation : ses textes sont désormais engagés et contestataires et le public des débuts se détourne.
C'est alors que le fisc belge va lui demander des comptes : elle ne peut régler ce qu'on lui réclame et demande à son ancien couvent de l'aider. Si celui-ci accepte et lui verse sa part, Philips, l'autre bénéficiaire des droits, fait la sourde oreille.
Les deux femmes, ruinées, finissent par se suicider ensemble le 29 mars 1985 dans leur logement de Wavre.
Ironie du sort, ce même jour la SABAM - équivalent belge de la SACEM - publie ses droits trimestriel qui s'élèvent à plus de 570 000 francs belges...
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