dimanche 9 juin 2019
Valentine Strasser, gloire et déchéance d'un dictateur amateur
Valentine Esegragbo Malvine Strasser est né le 26 avril 1967 à Freetown, capitale de la Sierra Leone.
Issu d'une famille créole plutôt modeste, il fait de brillantes études au Sierra Leone Grammar School de Freetown avant d'être incorporé dans l'armée.
A 19 ans, il est envoyé dans l'est du pays où le RUF -Revolutionary United Front- mène une guérilla financée par un cartel mafieux de trafiquants de diamands.
Avril 1992 : Le gouvernement est corrompu, les insurgés se font pressants et les soldes ne sont pas versés depuis plusieurs mois.
Un petit groupe d'officiers subalternes, des capitaines, décident de marcher avec leurs hommes sur la capitale pour réclamer leur dû.
Le Président Joseph Saidu Momoh panique et s'enfuit devant l'avancée des mutins.
Le pouvoir est vacant, les jeunes officiers s'en emparent.
Valentine Strasser est nommé à la tête du gouvernement et de l'Etat. Il a tout juste 25 ans et devient le plus jeune chef d'Etat du monde.
L'installation du régime ne se fait pas sans mal : des manifestants qui protestent contre le Coup d'Etat sont arrêtés par des soldats et exécutés sommairement sur la plage de Freetown.
Strasser endosse la responsabilité mais, furieux, fait fusiller les auteurs de ce crime sans procès.
Si du point de vue des libertés, le nouveau pouvoir n'est pas exempt de critiques, les dispositions économiques sont assez convaincantes : l'inflation est réduite de 115 à 15%.
La corruption diminue, la criminalité également et la collecte des impôts reprend efficacement.
Une transition vers la démocratie est même approuvée par le National Provisional Ruling Council.
Mais en janvier 1996, le Conseil dépose Strasser et une transition vers un retour des civils aux affaires (dans tous les sens du terme) se met progressivement en place.
Valentine Strasser s'exile en Gambie puis au Royaume-Uni.
Il s'inscrit à l'Université de Warwick pour suivre des cours de droit et d'économie.
Mais son passé le rattrape : les exécutions d'opposants refont surface et une pétition réclame son départ de l'Université et, sur pression discrète mais insistante de Tony Blair, du pays.
Après un crochet par le Ghana, il revient en Sierra Leone.
Il s'installe chez sa mère et tente de survivre avec la maigre pension d'ex-militaire que lui verse le gouvernement, composé d'anciens de ses compagnons d'armes, reconvertis dans la vie politique "civile".
Il n'a pas droit à une pension d' ancien chef d'Etat car son régime était issu d'un putsch !
Alcoolique, il mène une vie misérable et oisive.
Tragique destin que celui de ce "tyran" brutal mais intègre, efficace mais oublieux du droit....
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