Connaissez vous cet homme ?
Pourtant Ivan Illich fut un des grands penseurs du XXème siècle et un précurseur de l'écologie politique radicale.
Né à Vienne, en Autriche, le 4 septembre 1926, il grandit en Italie, à Florence où il poursuit ses études.
Après avoir participé à la Résistance pendant la Guerre, il étudie la théologie et la philosophie à l'Université Grégorienne de Rome.
Il reste à Rome, au Vatican précisément, dans l'entourage du Cardinal Montini, futur Paul VI. Ses origines aristocratiques le destinent à une carrière de prince de l'Eglise.
Mais en 1951 il part pour les Etats-Unis puis à Porto Rico ou il devient vice-recteur de l'Université catholique.
Co-fondateur du Center for Intercultural Documentation en 1966 à Cuernavaca (Mexique), il l'anime pendant 10 ans puis revient en Europe pour enseigner l'histoire médiévale à Brême en Allemagne où il décède le 2 décembre 2002.
Ivan Illich est le père de plusieurs théories parmi lesquelles :
Le Monopole radical
Inventeur du concept de monopole radical (lorsqu’un moyen technique est ou semble trop efficace, il crée un monopole et empêche l’accès aux moyens plus lents, comme les autoroutes vis-à-vis de la marche à pied par exemple). « Quand une industrie s’arroge le droit de satisfaire, seule, un besoin élémentaire, jusque là l’objet d’une réponse individuelle, elle produit un tel monopole. La consommation obligatoire d’un bien qui consomme beaucoup d’énergie (le transport motorisé) restreint les conditions de jouissance d’une valeur d’usage surabondante (la capacité innée de transit). »
La Contre productivité
Lorsqu’elles atteignent un seuil critique (et sont en situation de monopole) les grandes institutions de nos sociétés modernes industrielles s’érigent parfois sans le savoir en obstacles à leur propre fonctionnement : la médecine nuit à la santé (tuant la maladie parfois au détriment de la santé du patient), le transport et la vitesse font perdre du temps, l’école abêtit, les communications deviennent si denses et si envahissantes que plus personne n’écoute ou ne se fait entendre, etc.
Penseur de l’écologie politique, Ivan Illich lutta contre le système automobile et tous les moyens de transports trop rapides qu’il jugeait aliénants et illusoires.
La Convivialité
Si nous voulons pouvoir dire quelque chose du monde futur, dessiner les contours théoriques d’une société à venir qui ne soit pas hyper-industrielle, il nous faut reconnaître l’existence d’échelles et de limites naturelles. L’équilibre de la vie se déploie dans plusieurs dimensions ; fragile et complexe, il ne transgresse pas certaines bornes. Il y a certains seuils à ne pas franchir. Il nous faut reconnaître que l’esclavage humain n’a pas été aboli par la machine, mais en a reçu figure nouvelle. Car, passé un certain seuil, l’outil, de serviteur, devient despote. Passé un certain seuil, la société devient une école, un hôpital, une prison. Alors commence le grand enfermement. (…) J’appelle société conviviale une société où l’outil moderne est au service de la personne intégrée à la collectivité, et non au service d’un corps de spécialistes. Conviviale est la société où l’homme contrôle l’outil.
Un penseur original, avant gardiste qui mérite d'être redécouvert pour que l'hommage qu'il mérite lui soit rendu...
Deux illustrations :
"Une société sans école"
Prisonnier de l'idéologie scolaire, l'être humain renonce à la responsabilité de sa propre croissance et, par cette abdication, l'école le conduit à une sorte de suicide intellectuel.
Pour qu'un homme puisse grandir, ce dont il a besoin c'est du libre accès aux choses, aux lieux, aux méthodes, aux événements, aux documents. Il a besoin de voir, de toucher, de manipuler, je dirais volontiers de saisir tout ce qui l'entoure dans un milieu qui ne soit pas dépourvu de sens.
Nous sommes tous prisonniers du système scolaire, si bien qu'une croyance superstitieuse nous aveugle, nous persuade que le savoir n'a de valeur que s'il nous est imposé, puis nous l'imposerons à d'autres - production et reproduction du savoir.
"L'obsession de la santé parfaite"
Dans les pays développés, l’obsession de la santé parfaite est devenue un facteur pathogène prédominant. Le système médical, dans un monde imprégné de l’idéal instrumental de la science, crée sans cesse de nouveaux besoins de soins. Mais plus grande est l’offre de santé, plus les gens répondent qu’ils ont des problèmes, des besoins, des maladies. Chacun exige que le progrès mette fin aux souffrances du corps, maintienne le plus longtemps possible la fraîcheur de la jeunesse, et prolonge la vie à l’infini. Ni vieillesse, ni douleur, ni mort. Oubliant ainsi qu’un tel dégoût de l’art de souffrir est la négation même de la condition humaine.
mercredi 18 mai 2011
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire