vendredi 10 mai 2013

Borgen


Borgen est le surnom donné par les danois au siège de leur Parlement, le Château de Christiansborg.


C'est aussi, et surtout pour notre article, une série télévisée exceptionnelle, créée par Adam Price, Jeppe Gjervig Gram et Tobias Lindholm et diffusée pour la première fois le 26 septembre 2010 sur la chaîne DR1.

La série en est actuellement à sa troisième saison, chacune d'elles comportant 10 épisodes de 58 minutes.

Elle nous fait entrer de plein pied au coeur de la démocratie parlementaire danoise en suivant l'itinéraire de Birgitte Nyborg, leader du Parti du Centre, devenue Ministre d'Etat (c'est la dénomination officielle du chef du gouvernement au Danemark, Premier Ministre dans la version française).
Foncièrement intègre, Nyborg doit lutter pour imposer ses idées à ses remuants alliés et finalement faire des compromis pour préserver l'essentiel.


Jamais caricaturale, avec toujours une volonté de décrypter la tragi-comédie du pouvoir mais aussi de mettre en valeur ce que le jeu politique a de meilleur, la série est remarquablement interprétée par Sidse Babett Knudsen dans le rôle d'une chef de gouvernement qui doit en plus batailler pour préserver sa vie de famille et  la santé de ses enfants.
Autour d'elle, son spin doctor, Kasper Juul (Pilou Asbaek), la journaliste Katrine Fønsmark (Birgitte Hjort Sørensen) et tous les acteurs méconnus mais remarquablement crédibles dans les figures des ministres et politiciens de la majorité comme de l'opposition, contribuent à la partition impécable de cette série hors normes.


Tout commence à la veille des élections législatives : Kasper Juul, conseiller de Birgitte Nyborg, leader du Parti Centrsite, vient en aide à son ex girl friend Katrine Fonsmark qui voit son amant Ole Dahl, secrétaire du Premier Ministre conservateur sortant Lars Hesselboe, mourir brutalement dans son lit d'une crise cardiaque. Or Dahl possédait dans ses affaires la preuve que le Premier Ministre avait utilisé sa carte bancaire professionnelle pour régler des achats privés. Kasper y voit une aubaine pour son parti mais Birgitte Nyborg refuse d'utiliser de tels moyens. Déçu, il se tourne vers le leader des travaillistes Michael Laugesen qui lui les exploite sans vergogne lors de l'ultime débat télévisé de la campagne. Les électeurs, révoltés par la malversation de Hesselboe et écoeurés par les méthodes de Laugesen, donne une majorité relative, contre toute attente, au Parti du Centre de Nyborg qui se voit confier par la Reine la tâche de former le gouvernement...



L'habileté des scénaristes c'est d'avoir transformé l'arrivée au pouvoir d'une néophite un peu trop honnête en feuilleton à suspens : comment va-t-elle conjuguer défense de ses idéaux et réalité du quotidien gouvernemental, grands projets et promesses de campagne avec les nécessités économiques et les aléas d'une coalition parfois turbulente. Sans compter les fractures qui naissent dans sa vie privée et rejaillissent parfois sur la politique.

Non la politique n'est pas qu'un moyen de s'enrichir, d'écraser les autres, d'affirmer une virilité plus ou moins bien assumée : c'est aussi le combat de gens souvent sincères qui doivent sans cesse composer voire louvoyer entre les écueils pour faire passer les textes de lois qu'ils jugent positives pour le plus grand nombre.
Certes, les questions de personnes ne sont pas absentes de ces affrontements, mais les idées forgées sur des conceptions antagonistes et bien réelles de la société sont là et bien là.


Dans ces temps troublés, bien qu'on reconnaisse certains travers qui affectent nos différents pays, c'est une réalisation qui réconcilie, au moins partiellement, avec la chose politique.

Aucun commentaire: