samedi 25 janvier 2020

Penthée, l'opéra du Régent

La légende de Penthée est une de ces histoires dont seule la mythologie grecque a le secret.

Penthée est le petit-fils et successeur du roi de Thèbes, Cadmos.
Il s'oppose à l'introduction dans son royaume du culte de Dionysos, dont les cérémonies festives donnent lieu à des débordements orgiaques qui menaceraient la stabilité du gouvernement.

Un jour qu'il espionne, déguisé, les ménades (des femmes qui célèbrent Dionysos secrètement) sur la montagne, caché derrière un rocher, l'une d'elles, le prenant pour un lion donne l'alerte.
Les femmes se jettent sur lui et le tuent.
Or parmi ces ménades figuraient la mère et les tantes de Penthée.

Le dramaturge Euripide en fera le sujet de sa tragédie "Les Bacchantes".

Dionysos revient dans sa ville natale de Thèbes et entend s'y faire adorer et célébrer comme le dieu qu'il est (il est le fils de Zeus). Séduisant les femmes de la région, il demande au roi Cadmos d'autoriser son culte. Devant les débordements que ces manifestations provoquent, le roi hésite puis accepte par esprit de conciliation (si cet étranger est vraiment un dieu, soyons prudents).
Mais Penthée, qui entre temps exerce le pouvoir, refuse cette situation : il fait arrêter l'étranger. Mais les femmes, rendues folles par Dionysos, détruisent et tuent tout sur leur passage.
Miraculeusement libéré, Dionysos persuade Penthée d'aller voir par lui même la vraie nature des bacchanales : travesti en femme, Penthée se rend sur la montagne et est massacré par les furies, sa mère et ses tantes en tête. Une fois le crime révélé, la mère de Penthée se jette dans les flots.

En voici une adaptation avec Maxime Le Gac



Au début du XVIIIème siècle, le Duc Philippe d'Orléans, qui n'est pas encore le Régent de France, compose un opéra à partir de cette légende.
Son librettiste est le poète Charles-Auguste de la Fare (1644-1712).

Joué pour la première fois le 16 juillet 1705, dans la grande salle du Palais Royal (résidence du Duc), en présence du Roi, l'opéra, qui comporte 5 actes sera donné à nouveau le 8 mai 1706 devant le Dauphin.
Archivé à la Bibliothèque de l'Arsenal, le manuscrit comporte la mention que le Duc d'Orléans a interdit toute représentation et publication.

Le musicien Antoine Duhamel, pour composer la bande originale du film de Bertraand Tavernier, "Que la fête commence" parvint, en 1976 à s'en procurer quelques extraits.

"Air de Venus" extrait du Prologue


Egalement issu du Prologue, "Air des grâces et plaisirs"


Extraits de l'acte V :


"O douleur" choeur final



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