mardi 13 septembre 2011

Eloge de l'Oisiveté


Ce court essai publié une première fois en 1919 puis en 1932 légèrement remanié est à la hauteur de son sujet.
Il ne compte en effet que 5026 mots sur une vingtaine de pages.
Son auteur est un original.


Bertrand Arthur William Russell, 3ème comte Russell, est né le 18 mai 1872 à Trellech (Monmouthshire) et mort le 2 février 1970 à Penrhyndeudraeth (Pays de Galles).
Sa curiosité l'a conduit à explorer plusieurs domaines intellectuels : mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, moraliste et même homme politique britannique.
Mais revenons au sujet de cet article.


En bon aristocrate anglais, Bertrand Russell se livre avec détachement et ironie à une critique en règle d'une des valeurs principales de notre civilisation, le travail.
En voici le début :

Ainsi que la plupart des gens de ma génération, j'ai été élevé selon le principe que l'oisiveté est mère de tous les vices(...)Cependant, si mes actions ont toujours été soumises à ma conscience, mes idées,

en revanche, ont subi une révolution. En effet, j'en suis venu à penser que l'on travaille beaucoup trop de par le monde, que de voir dans le travail une vertu cause un tort immense, et qu'il importe à

présent de faire valoir dans les pays industrialisés un point de vue qui diffère radicalement des préceptes traditionnels(…)
Pour parler sérieusement, ce que je veux dire, c'est que le fait de croire que le TRAVAIL est une vertu

est la cause de grands mots dans le monde moderne, et que la voie du bonheur et de la prospérité passe par une diminution méthodique du travail.

Et d'abord, qu'est-ce que le travail ?
Il existe deux types de travail : le premier consiste à déplacer une certaine quantité de matière se trouvant à la surface de la terre, ou dans le sol même ; le second, à dire à quelqu'un d'autre de le faire.
Le premier type de travail est désagréable et mal payé ; le second est agréable et très bien payé. Le second type de travail peut s'étendre de façon illimitée : il y a non seulement ceux qui donnent des ordres, mais aussi ceux qui donnent des conseils sur le genre d'ordres à donner.
Normalement, deux sortes de conseils sont donnés simultanément par deux groupes organisés : c'est ce qu'on appelle la politique. Il n'est pas nécessaire pour accomplir ce type de travail de posséder des connaissances dans le domaine où l'on dispense des conseils : ce qu'il faut par contre, c'est maîtriser l'art de persuader par la parole et par l'écrit, c'est-à-dire l'art de la publicité.


Plongez vous dans cette délectable réflexion que l'évolution sociétale et technologique n'ont pas rendu moins pertinente mais au contraire, ont conforté jusqu'à en faire un véritable programme radical pour des élections à venir, tous régimes politiques confondus.

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