jeudi 13 juin 2013

Frederick Rolfe, baron Corvo

Etrange personnage que ce Frederick William Rolfe, né le 22 juillet 1860 à Londres.

Fils d'un facteur de pianos, il montre des signes de mysticisme très marqués (il se fait tatouer une croix sur la poitrine à l'âge de 14 ans) et se convertit au catholicisme en 1886.

Il tentera toute sa vie de se faire ordonner prêtre, en vain.
Il dira que c'est là la plus grande déception de sa vie.

Homosexuel assumé, il mène une vie plutôt agitée, entre celle de gigolo auprès de dames fortunées et de protecteurs de jeunes hommes.
Parti vivre à Venise, il se lie à la duchesse Sforza-Cesarini, et se fait adopter par elle. Il obtient ainsi le droit de porter le titre de Baron Corvo qu'il utilisera comme son pseudonyme le plus connu pour ses articles dans des revues littéraires.

Rolfe est aussi dessinateur, peintre et même photographe.


Outre un volume de nouvelles qui reprend des contes italiens traditionnels, son oeuvre majeure est sans conteste, son roman "Hadrien VII".


Rofle se livre à travers le personnage de George Arthur Rose, écrivain et ecclésiastique contrarié, à une sorte d'autobiographie sublimée.
Il en profite pour développer ses idées sur une réforme de l'Eglise Catholique qu'il juge indispensable.

George A.Rose, refusé de la prêtrise, se trouve inopinément en contact avec un cardinal anglais qui, désireux de réparer les torts qui lui ont été infligés, le consacre prêtre et l'emmène à sa suite à Rome pour le Conclave qui suit le décès du pape Leon XIII.
Les tractations aboutissent à l'élection surprise de Rose qui prend le nom d'Hadrien VII, en référence à l'unique souverain pontife anglais, Nicolas Breakspeare, qui régna sous le nom d'Hadrien IV.
Les conceptions radicales du nouveau pape lui attirent de nombreux ennemis mais c'est finalement sa vie pré-religieuse qui le rattrape :  il est assassiné par un extrémiste protestant d'Ulster...

Cette chronique d'un pontificat fictif a la particularité d'être traitée avec beaucoup de sérieux par Frederick Rolfe qui y développe ses théories très personnelles sur la foi et la meilleur façon de la vivre en dépit d'une misanthropie très affirmée.


Rolfe, criblé de dettes, meurt subitement à Venise le 25 octobre 1913.
D'abord oubliée, son oeuvre, surtout "Hadrien VII", a été réhabilité par de nombreux critiques et écrivains anglais, comme Graham Greene et D.H.Lawrence.

Le dramaturge Peter Luke en a tiré une pièce de théâtre en 1970, adaptée en français par Jean-Louis Curtis et créée à Paris par Claude Rich.


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