samedi 9 janvier 2021

Cékiladame : 20 - La Dame de Sercq


Il existe, tout près de la France, une enclave directement sortie du Moyen Age.
Ou plutôt, il y avait.


Faisons pour cet article un petit voyage dans le passé.


Nous sommes en 1927, le 20 juin.
Le 20ème Seigneur de l'île anglo-normande de Sercq, William Frederick Collings meurt.
Et c'est sa fille, Sibyl, née le 13 janvier 1884, qui lui succède.
La jeune femme a reçu une éducation de gouvernantes françaises et a même étudié un temps à Lille.
Veuve de John Dudley Beaumont, à qui elle a été mariée de 1901 à 1918 et dont elle a eu 7 enfants, elle travaille sur l'île de Sercq comme éleveuse avant de partir vivre à Guernesey une fois son mari décédé de la grippe espagnole.

Deux ans après son accession à la Seigneurie, elle épouse en seconde noce l'américain Robert Woodward Hathaway (1887-1954), ancien officier de l'armée de la Royal Flying Corps, ce qui lui a valu la nationalité britannique.
Son mari, de part la loi locale, devient, de fait, le co seigneur de Sercq.

En 1930, Dame Sibyl décide de bannir les automobiles de l'île : cette loi est toujours en vigueur aujourd'hui.

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, la Dame, polyglotte (français, guernesiais, anglais bien sûr et allemand) continue d'administrer Sercq et de protéger son peuple de l'occupant.

En 1969, elle envisage d'abdiquer et de demander le rattachement de Sercq à Guernesey.
Devant l'hostilité de la population, elle renonce. 

A sa mort, le 14 juillet 1974, son petit-fils, Michael Beaumont, lui succède.

Ses mémoires, parues en 1961, servent de base à la pièce de William Douglas-Home, "La Dame de Sercq", créée en 1974.

Sous la pression du Conseil de l'Europe, et pour se mettre en conformité avec la Convention européenne des droits de l'homme, le Seigneur et le Parlement local - les Chefs Plaids - décident de transformer cette institution en Chambre démocratiquement élue.
En dépit du chantage exercé par les frères Barclay, deux riches anglais récemment installés dans l'île, ce sont des élus favorables à la féodalité qui emporte la majorité et rejettent la demande d'abolition de la Seigneurie réclamée par les Barclay.


La tradition, aujourd'hui modernisée, règne encore sur Sercq.

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