dimanche 26 août 2012

Xavier Grall


Romancier, journaliste et poète, né à Landivisiau le 22 juin 1930, Xavier Grall est décédé le 11 décembre 1981 à Quimperlé.

C'est d'abord comme chroniqueur qu'il se fait connaître dans le journal "Témoignage Chrétien", "La Vie Catholique" et le quotidien "Le Monde". Il est alors principalement biographe, entre autre de Georges Bernanos, James Dean ou François Mauriac.
C'est à partir de 1973 qu'il entreprend de bâtir une oeuvre d'écrivain breton d'expression française.

Il participe également à l'émission télé culte "Les Conteurs" d'André Voisin où, en alternance avec le cévenol Jean-Pierre Chabrol, il évoque les contes et légendes de sa Bretagne natale.

La ville de Pont-Aven, dans le Finistère, lui a consacré un très joli parc le long de l'Aven, illuminé par la statue du barde qui y a passé ses dernières années.


Viens avec moi
je te dirai le cri des sternes
et le psaume des pierres levées
(...)
Viens avec moi
je te dirai les dieux fraternels
dans les chapelles bleues
Viens
nous inventerons un pays mystique
violentes seront les femmes comme des solstices
il y aura des nids chantants dans les poutres
les nefs seront pleines d'hirondelles.

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J’aurais aimé chanter le triomphe
Des marées à la corne des caps
Et la douceur des plages
Dans les criques pélagiennes
Un orchestre de pianistes
Et de harpeurs
Eût repris le thème de l’antienne
Sur le gradin des môles
Car je portais dans mon sang mystique
Des hymnes marins
Et des fureurs liturgiques
J’aurais aimé chanter
Les varechs verts
Les germons bleus
Les daurades d’or
Les couleurs et les chaos
Par la harpe et le saxo
Mon dieu je vous adore !

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Terre dure de dunes et de pluies
c'est ici que je loge
cherchez, vous ne me trouverez pas
c'est ici, c'est ici que les lézards
réinventent les menhirs
c'est ici que je m'invente
j'ai l'âge des légendes
j'ai deux mille ans
vous ne pouvez pas me connaître
je demeure dans la voix des bardes
0 rebelles, mes frères
dans les mares les méduses assassinent les algues
on ne s'invente jamais qu'au fond des querelles

Allez dire à la ville
que je ne reviendrai pas
dans mes racines je demeure
Allez dire à la ville qu'à Raguénuès et Kersidan
la mer conteste la rive
que les chardons accrochent la chair des enfants
que l'auroch bleu des marées
défonce le front des brandes

Allez dire à la ville
que c'est ici que je perdure
roulé aux temps anciens
des misaines et des haubans
Allez dire à la ville
que je ne reviendrai pas

Poètes et forbans ont même masure
les chaumes sont pleins de trésors et de rats
on ne reçoit ici que ceux qui sont en règle avec leur âme sans l'être avec la loi
les amis des grands vents
et les oiseaux perdus
Allez dire la ville
que je ne reviendrai pas

Terre dure de dunes et de pluies
pierres levées sur l'épiphanie des maïs
chemins tordus comme des croix
Cornouaille
tous les chemins vont à la mer
entre les songes des tamaris
les paradis gisent au large
Aven
Eden
ria des passereaux
on met le cap sur la lampe des auberges
les soirs sont bleus sur les ardoises de Kerdruc
O pays du sel et du lait
Allez dire à la ville
Que c'en est fini
je ne reviendrai pas
Le Verbe s'est fait voile et varech
bruyère et chapelle
rivage des Gaëls
en toi, je demeure.

Allez dire à la ville
Je ne reviendrai pas.

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