jeudi 26 juin 2014

Le Disque Rayé


Publié en 1970 par le romancier André Ruellan (Courbevoie, 7 août 1922), également critique d'art et scénariste de cinéma, sous le nom de Kurt Steiner, Le Disque Rayé est sans doute un des plus curieux romans de SF français.


Matt passe d'un monde parallèle à l'autre, tous plus étonnants — et plus dangereux — les uns que les autres. Un monde où des oiseaux géants construisent des nids de métal, un autre qui est un bagne, un troisième qui est une utopie.
Il lui semble toujours être sur les traces de quelqu'un. Et poursuivi par quelqu'un. 
Est-ce par lui-même ? Malheureusement, il ne se souvient de rien.


Quelques extraits :

Il existait « là-bas » d'autres vête­ments qu'on nommait manteaux. L'un d'eux eût été le bienvenu. En partie pour se réchauffer, en partie pour aménager une fourche au moins aussi confortable que celle d'un arbre.
Tout autour de Matt, plantés verti­calement ou en oblique, dans le chaos des dalles brisées, les piliers métalliques s'élançaient vers le ciel. Au-dessus, des arceaux im­menses assemblaient les piliers les uns aux autres. Le sommet de ces constructions dépassait parfois trois ou quatre mille mètres. Les flots se partageaient le terrain avec le roc et le béton, de telle sorte que la superficie recouverte par les eaux l'emportait sur celle du sol.
Matt contemplait cet univers en ruine. Soudain il tressaillit, regarda autour de lui, dans la forêt métal­lique, puis plus haut, vers le ciel. Qui avait dit : « Attention aux algues » ? Sur le moment, il jugea préférable de ne pas approfondir la question...

(...)
Assis sur un rocher dur et humide, il contemplait les monstrueueses structures qui se découpaient à contre-jour, sur le couchant. Il recevait en pleine face un vent qui lui piquait les yeux, et l'obligeait parfois à assurer son équilibre.
Rien de tout cela ne pouvait être vrai, et pourtant, cela était. Ou bien il voguait, immobile, dans un cauchemar. Le cauchemar de qui ? Le sien, celui d'un homme qui s'appelait Matt Wood et devait dormir quelque part dans un endroit à la mesure de l'humain. Rien, ici, ne rappelait quoi que ce fût. Rappeler ? Qu'était-ce que se souvenir ?

(...)
- Je vous demande pardon, monsieur, dit une voix, derrière lui.
Il se retourna, comme piqué par une vipère. Il serrait déjà la crosse de son arme dans sa poche. Mais que craignait-il puisque la date de sa mort était dépassée, et qu'il mourait maintenant de temps en temps, sans que cela tirât à conséquence ?



Conte plutôt sombre sur l'avenir du monde, sur la condition humaine et les paradoxes temporels, ce court roman est devenu un classique de la SF hexagonale.

Aucun commentaire: