Sorti en 1964, La Femme des Sables, est le deuxième film du cinéaste japonnais Hiroshi Teshigahara (1927-2001).
En compétition au Festival de Cannes cette même année, il remporte le Prix Spécial du Jury.
Eponyme du roman de Kôbô Abé, c'est l'écrivain lui même qui en a réalisé l'adaptation.
Un instituteur, passionné d’entomologie et désireux de passer trois jours loin des tracasseries de la ville, se retrouve sur une immense plage presque déserte. Il fouine, cherche, fouille pour trouver des insectes, ceux des sables, pour compléter sa collection et inscrire son nom au revers d’un traité d’entomologie. Pris au piège de l’obscurité qui tombe, il est recueilli par des villageois bienveillants et il finit la nuit au fond d’un trou, dans une maison cachée sous une dune, avec une femme pour aubergiste. Au lendemain, l’échelle qui l’a fait descendre a été enlevée. L’homme est alors une seconde fois pris au piège, condamné à rester avec cette femme au fond d’un trou pour vider des tonnes et des tonnes de sables, toutes les nuits, éternellement, comme un énième labeur de Sisyphe. Entre révolte, colère, et résignation, l’entomologiste, qui prenait soin d’observer attentivement ses insectes, se retrouve à son tour agrafé dans la plus absurde des existences.
La composition des images et le jeu de la lumière (Iroshi Segawa) confèrent une impression d'irréalité à ce conte philosophique intemporel.
La musique, limite concrète, signée par Tôru Takémitsu, souligne l'ambiance étrange de l'aventure intime et universelle de l'histoire.
Eiji Okada (l'instituteur) et Kyoko Kishida (la femme) sont proprement inoubliables.
Un film fascinant qu'on ne saurait oublier.
[...] Oh non, de quelque façon que l'on s'y prenne, ce n'est pas la force de l'intelligence qui fait tourner la vie humaine... Cette existence-ci, cette existence-là, l'évidence, c'est qu'il y a beaucoup de manières d'exister... et qu'il arrive parfois que l'autre versant, celui qui fait face au côté où l'on se trouve, vous apparaisse un tant soit peu plus désirable... A vivre ma vie comme je la vis, de me demander ce qu'il en adviendra est bien pour moi, en vérité, la chose du monde la plus insupportable ! Et quant à savoir ce qu'est au juste la nature de mon existence, ça, c'est une impossibilité de condition : aucun moyen d'en rien saisir... Mais quand même, si, sur ce chemin-là, il se trouve quelque côté plus clair où l'esprit aperçoive de quoi le distraire, si peu que ce puisse être... eh bien, j'ai beau ne pas savoir pourquoi, je finis par me persuader que c'est encore là la meilleure direction... [...]
Kôbô Abé, Suna no Onna, 1962.
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