jeudi 19 septembre 2019

La Controverse de Valladolid

L' Histoire est souvent retorse et son enseignement se fourvoie fréquemment.

Quelques années après la découverte des Amériques et de ses populations, l'Empereur Charles Quint promulgua un décret interdisant l'esclavage des indiens, garantissant leur liberté de travail, de culte et de propriété.
En cette année 1526, la volonté impériale était de punir quiconque se rendrait coupable de violence envers les indiens.

En 1537, le pape Paul III dans la bulle Sublimis Deus, reconnait la nature humaine des indiens et prohibe fermement toute exploitation et toute spoliation de ces peuples. Leur évangélisation ne doit se faire que par l'exemplarité et la parole. Et cette disposition s'impose aussi, par avance, à toutes les ethnies qui seront découvertes dans l'avenir.

C'est ce même Charles Quint, de concert avec le successeur de Paul III, Jules III, qui prend l'initiative d'un grand débat pour trancher définitivement la conduite à tenir pour les colons du Nouveau Monde.
Ils réunissent à Valladolid, une manière de procès, présidé par le légat du pape.
L'aréopage est constitué de 7 juges du Conseil des Indes, 2 inquisiteurs du Conseil Royal Suprême, un administrateur du Conseil des Grands Ordres chevaleresques, trois théologiens dominicains et un franciscain ainsi qu'un évêque.

Mais les deux figures marquantes de cette "controverse" furent Bartolomeo de Las Casas et Juan Ginès de Sepulveda.

Las Casas
Le premier reprend les arguments de Thomas d'Aquin selon qui

Une société est une donnée de la Nature et toutes les sociétés humaines sont d'égale dignité, qu'elles soient païennes ou chrétiennes.
La conversion ne saurait se faire par la force mais de façon évangélique, par la parole et l'exemple.

Sepulveda
Le second, lui, s'appuie sur la nécessité de mettre les indiens sous la tutelle des espagnols pour les protéger et les empêcher de commettre des crimes contre la morale naturelle, comme le cannibalisme et les sacrifices.

Las Casas objecte que les civilisations indigènes sont tout à fait rationnelles et qu'on n'y trouve pas plus d'atrocité et d'immoralité qu'en Europe, dans le passé comme dans les temps présents.

La cour ne rendit pas un verdict formel mais confirma les décisions impériales et pontificales.

En 1992, le romancier Jean-Claude Carrière mis en scène cette controverse pour le théâtre puis la convertit en roman.


Cet ouvrage fera l'objet d'une adaptation télévisée, réalisée par Jean-Daniel Verhaeghe, avec Jean-Pierre Marielle (Las Casa), Jean-Louis Trintignant (Sepulveda) et Jean Carmet (Le Légat).


En voici l'ouverture.
Je ne saurais trop vous conseiller de chercher l'intégrale de ce téléfilm qui compte parmi les moments qui font l'honneur de la télévision française.


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