samedi 12 mai 2012

Retour chez Francis Blanche

Je voulais consacrer un second article à cet artiste-poète un peu injustement oublié aujourd'hui.
Francis Blanche était d'abord un  humoriste qui a fait les beaux jours de la radio des années 50-60.
Un exemple de ses canulars téléphoniques, "Le Cours Sautereau"


C'était également un parolier remarquable (je vous ai déjà fait découvrir sa plume avec "Les Cloches de Lisbonne") voici un autre aperçu de son talent qu'il écrivit, sur une musique de Gérard Calvi, pour Edith Piaf, "Le Prisonnier de la Tour" :


Mais, et pour moi c'est surtout, un délicat poète et je vous livre trois extraits de son recueil "Mon oursin et moi" paru en 1973 peu avant sa disparition:

Vos nom, prénom

Ne cherchez pas à lire mon nom sur mes papiers
J’ai lavé mes empreintes et j’ai perdu mon âge,
Appelez-moi fumée, appelez-moi nuage,
Laissez le reste en blanc sans rien me demander.
Je n’ai jamais volé que mes instants de chance,
Je n’ai jamais tué que le temps qui passait,
Mes poches sont percées, mais je garde en secret
Le coquillage bleu du fond de mon enfance.
Vous n’avez pas le droit de prendre mes bretelles
Ouvrez-moi cette porte, rendez-moi mes lacets !
Je n’ai rien demandé, simplement je passais;
Si je n’ai pas de nom, c’est que nul ne m’appelle.
Je suis très bien ainsi, laissez-moi m’en aller,
Je ne mendiais pas, n’étais même pas ivre
Et s’il faut à tout prix mettre un nom sur vos livres
Appelez-moi nuage, appelez-moi fumée.

J'ai rêvé ma vie...

J’ai rêvé ma vie,
Les yeux grands ouverts,
Me suis réveillé
Quand c’était l’hiver.
La neige était là
Les cieux étaient gris,
Le vent était froid.
Je n’ai pas compris !
Mes beaux soirs d’avril
Que j’avais rêvé
Où donc étaient-ils ?
J’en aurais pleuré !
Faites moi plaisir,
Commencez sans moi,
Laissez moi dormir,
J’étais fait pour ça…

Mon oursin et moi

Un oursin dans mon poing fermé
j’ai serré les poings sans rien dire
et je crois qu’on a bavardé
et je crois que j’ai pu sourire

Sourire à Pierre à Paul à Georges
à Marie-Christine à Thomas
avec ce sable dans la gorge
et ce caillou dans l’estomac

Cache donc tes mains sous la table
ça n’est pas joli tout ce sang
et pour faire passer le sable
bois donc ce whisky qu’on te tend

Merci monsieur merci madame
(ô les bons principes reçus !)
Dans ta poche tu fourres ton âme
avec ton mouchoir par-dessus

Bravo… tapons-lui sur l’épaule
ce garçon est vraiment très bien
il réussit à être drôle
avec un oursin dans la main !

1 commentaire:

Anne Le Maître a dit…

Merci. Juste merci.