jeudi 12 octobre 2017

Dalida, ombres et lumières

Dans la nuit du samedi 2 au dimanche 3 mai 1987, Iolanda Cristina Gigliotti avale une forte dose de médicaments sur un verre de whisky dans sa maison de la rue Oberchampt à Paris.

Elle ne se réveillera pas.

Ce jour-là, la France est en deuil de celle qu'elle considère comme la chanteuse la plus marquante du XXème siècle avec Edith Piaf : Dalida.

33 ans de carrières, de succès populaire, plus de 2000 chansons et 120 millions d'albums vendus de par le monde.
Tout cela n'a pas suffit à guérir un mal de vivre lancinant qu'elle a pourtant distillé dans son répertoire au fil des années.

Parce que le catalogue de ses chansons ne saurait être réduit aux refrains à paillettes, aux ritournelles joyeuses et dansantes, disco ou orientales.

Dalida a défendu de vrais textes, outre ceux de Jacques Brel, de Léo Ferré et de Serge Lama.

Je vous ai déjà fait entendre cet hallucinant "Et tous ces regards" dû à la plume inspirée de Roger Hanin.

Mais il y a eut aussi "Bravo", déclaration d'amour à son métier écrite par Michel Jouveaux et composée par Marc Hillman et Patrick Roffe :


Vline Buggy et Claude Carmone ont écrit sur une musique de Jeff Barnell ce délicat questionnement d'une femme qui se sent délaissée "Depuis qu'il vient chez nous"


Ou encore ce bel hommage à Jacques Brel, "Il pleut sur Bruxelles" signé Michel Jouveaux et Jeff Barnell :


Autre hommage, à El Cordobes cette fois : les auteurs Jean-Max Rivière et Gérard Bourgeois :
(La qualité n'est pas extraordinaire car extraite d'un direct de l'ORTF, ça ne nous rajeunit pas...)


Et il ne faudra jamais oublier cet admirable morceau, écrit et composé par le poète Giani Esposito, 
" Deux Colombes"



Et les manques, les échecs de sa vie !
L'amour d'abord.
L'impression d'avoir raté ses relations avec les hommes.
Sur les 5 qui ont compté, 3 se sont suicidés !

D'ailleurs elle leur rendait hommage dans ce très joli titre de 1986, écrit par Marie France Touraille sur une musique de Paul et Lana Sebastian : "Les hommes de ma vie"
R.I.P. Lucien Morisse, Luigi Tenco et Richard Chanffray.


Arrêtons nous sur Luigi Tenco, ce jeune auteur-compositeur italien que Dalida accompagna au Festival de San Remo en janvier 1966.
Là, sa chanson, "Ciao amore, ciao" ne rencontre pas le succès espéré et il est éliminé dès les premier tour de la compétition.
Humilié, il rentre dans la chambre d'hôtel qu'il partage avec la chanteuse et se tire une balle dans la tête.
C'est elle qui découvre le drame, elle qui avait fait le voyage pour rendre public leur liaison et leur projets de mariage...
Moins d'un mois plus tard elle participe à une émission de télévision en Italie et livre sa version de la chanson, un moment d'une intensité rare :


La maternité aussi.
Ce vide qu'elle a ressenti depuis ce jour de 1967 où, enceinte d'un étudiant italien de 18 ans (ça vous rappelle quelque chose ?) elle décide d'avorter. L'opération la rendra stérile.

Aussi on écoutera avec émotion ce très beau titre de Michaele pour les paroles et des Sebastian pour la musique, simplement intitulé "Lucas"


Je sais, on trouve de meilleures versions sur Youtube mais ce live exprime toute la détresse de la chanteuse.

30 ans.
Et elle vend encore grâce à son frère Orlando.
Sans renier les airs joyeux dont elle nous a gratifié tout au long de sa carrière, il serait de bon ton, à mon avis, de se replonger régulièrement sur les faces B ou les derniers albums, plus intimistes, pour se souvenir encore et toujours de Madame Dalida.

"Gigi l'Amoroso", paroles de Michaele et F.Rover et musique de F.Rover, Lana et Paul Sebastian.

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