dimanche 15 février 2009

Akhénaton

Aménophis IV, Pharaon de la XVIIIème dynastie, dit le Pharaon hérétique, car il fit mettre en veilleuse, sous son règne, le culte des Dieux traditionnels de l'Egypte pour centrer la vie religieuse sur Aton, le disque solaire.Le couple qu'il formait avec Nefertiti était l'interface entre le peuple et ce dieu unique : pas besoin de clergé pour s'adresser à Aton.
Cette révolution mystique s'accompagna d'une nouvelle vision artistique, à la fois plus réaliste dans les sujets (animaux, scène de la vie quotidienne, familiale, travaux des champs...) et plus stylisée dans la forme : Pharaon étant un être d'exception, il convenait de la représenter avec des traits hors du commun.
Mais le structure sociale demeura la même, même si les largesses du monarque amélioraient l'ordinaire des habitants de sa nouvelle capitale, Akétaton !
Sa construction et celle des nouveaux temples, accaparant tout le temps du roi, affaiblit la position de l'Empire dans le Monde antique.
A sa mort, après 17 ans de règne, ses successeurs rétablirent l'ordre ancien et n'eurent de cesse d'effacer toutes traces de cet épisode historique et y parvinrent quasiment puisque ce n'est qu'à la fin du XIXème siècle que l'existence de ce roi fut (re)découverte.

Akhénaton, révolutionnaire ? Apôtre d'un monothéisme avant l'heure ? ou illuminé fanatique qui a conduit son pays au bord du gouffre ?

Hymne à Aton

Ce chant d'amour et de ferveur, le plus vibrant que nous ait légué la littérature de l'ancienne Egypte, passe pour avoir été rédigé par Akhenaton lui-même, vers 1360 av. J.-C. Plusieurs versions avec variantes en ont été retrouvées dans les sépultures saccagées des dignitaires de Tell el-Amarna. Voici les passages essentiels de l'exemplaire le plus complet provenant de la tombe de Ay.

« Splendide est ton lever à l’horizon du ciel,
Ô vivant Aton, créateur de toute vie !
Quand tu t’es levé dans le ciel d’orient
tu emplis toute terre de ta beauté.
Tu es beau, tu es grand, tu rayonnes, haut au-dessus de la terre ;
tes rayons embrassent toutes les contrées,
autant que tu en as créé.
Tu es Rê, tu atteins leurs limites,
tu les lies pour ton fils bien-aimé.
Bien que tu sois lointain, tes rayons sont sur la terre,
On te voit mais ta route est invisible.

» Quand tu disparais à l’occident du ciel,
le monde est dans l’obscurité comme dans la mort.
On dort dans les chambres, la tête couverte,
le regard ne peut rien apercevoir.
Si bien que si l’on dérobait des biens placés sous la tête,
on ne le remarquerait même pas.
Chaque lion quitte sa tanière,
chaque serpent mord,
règne l’obscurité, la terre est dans le silence,
car celui qui l’a faite repose dans son horizon.

» La terre s’illumine quand tu te lèves sur l’horizon ;
quand tu brilles comme Aton dans le jour,
tu chasses l’obscurité ;
lorsque tu lances tes rayons
les Deux-Terres sont en fête.

[ … ]

» Tu as fait la terre selon ton désir, toi seul,
et les hommes, le bétail, petit et grand,
tout ce qui sur la terre marche avec les jambes,
tout ce qui est en haut,
qui vole avec des ailes,
le pays de Kharou [Syrie] et le Koush [Nubie],
la terre d’Egypte.
Tu as mis chaque homme à sa place,
tu pourvoies à ses besoins ;
chacun a ses biens, son temps de vie.

[ … ]

» Tes rayons nourrissent tous les champs,
quand tu brilles, ils vivent et croissent par toi.
Tu as créé les saisons afin de parfaire tout ce que tu as fait,
l’hiver qui apporte la fraîcheur, et la chaleur que tu dispenses.
Tu as fait le ciel au loin afin d’y briller,
et de voir ta création.
Car tu es seul, brillant sous l’aspect de l’Aton vivant.

» Depuis que tu as créé la terre,
tu te lèves pour ton fils qui est né de ton corps,
le Roi qui vit par Maât, Seigneur des Deux-Terres,
Néferkheperourê Waenrê,
le fils de Rê qui vit par Maât, le Seigneur des Couronnes,
Akhenaton, grand dans son temps de vie,
et la Grande épouse royale qu’il aime, la Maîtresse des Deux-Terres,
Néfernefrou-Aton Néfertiti vivante pour l’Eternité. »

d’après le texte (ca 1360 avant notre ère) retrouvé sur la tombe de Ay.

Aucun commentaire: