dimanche 18 juillet 2010

Pentti Holappa

Pentti Holappa est un romancier et surtout poète finlandais, né en 1927 à Ylikiiminki.

Journaliste et rédacteur publicitaire, il traduit à partir des années 60, les poètes français, de Baudelaire à Ponge ainsi que les auteurs du "nouveau roman" ( de Claude Simon à Nathalie Sarraute) et Jean-Marie Le Clézio.
Puis il se consacre entièrement à la littérature.
Gloire nationale en Finlande, il accumule les honneurs et les distinctions.

Il participe à la traduction de ses oeuvres en français aux côtés de Gabriel Rebourcet.

Holappa demeure inconnu en France, et c'est plus que regrettable comme vous pourrez en juger ci dessous :

DEPUIS LE RIVAGE

Semant ses bienfaits un nuage vole
puis un aigle, messager.
Seules les îles gémissent vers le rivage à leur départ,
quand le vent sous le gel se fige, pleurant sur leur sort.
Et la mort du nuage
et la fin de l'aigle
et le dernier cri
sont une suffisante genèse.
Les lueurs de l'Est ne dorent pas les eaux du rivage,
et les lumières de l'Ouest ne recouvrent pas l'homme qui regarde.
Seul jusqu'au destin du rivage résonne le chant de ceux
qui s'en vont :
Adieu, étranger aux visages enfouis.

Le fils de la terre 1953

LE BEAU VIDE EST TACHE DE TRACES DE DOIGTS

L'amour parle sous tant d'apparences.
Un train illuminé traverse la chair de la nuit sans bruit,
le ciel se voûte à l'invisible,
la terre gorgée d'eau halète sans relâche,
les étoiles frissonnent,
une ville flamboie au centre névralgique de l'âme.
Un cri solitaire est emprisonné derrière les dents,
Il descend la gorge en tourbillonnant puis il arrache les
cellules
dans sa bourrasque, jusqu'à l'explosion.
Ensuite, il pleut, dans l'espace planétaire,
la poussière, le silence.

Cinquante deux, 1979

SACREMENT

Le pain de chaque jour et l'amour
sont notre chagrin. Notre soleil
ne féconde pas l'asphalte de nos champs,
goulet carrossable. Facile est difficile,
l'éternel s'oublie vite.
Et l'amour: jouissance le premier jour,
douleur le second, au troisième la solitude.
Le regard d'un passant qui brûle l'âme
répète ceci: l'amour passe sur la route,
goulet carrossable.
Aussi longtemps que la sueur sera salée,
les larmes cuisantes,
la faim de notre corps sera vraie chaque jour
et sa peine comme sa jouissance s'égareront,
dévorées par les mites, et souillées par la rouille.

Tout près 1957

PAROLE DE RUINE

Je veux venir près de toi.
Je ne trouve vrais
ni la pierre, ni le monde ni les distances.
Le coup d'aile d'un oiseau dans le ciel de grand gel dure
aussi longtemps que la ville aux murs coulés de béton
Il m'a fallu me briser avant de perdre mes illusions
Aujourd'hui,
je suis certain que tes cellules m'entendent quand je parle
la langue aux mille sens des ruines
en moi-même, mais rien que pour toi en vérité.

Parfum de fumée 1987

LE PARFUM DE TA PEAU

La feuille de papier blanc et le parfum de ta peau
sont assez de matière pour un poème immortel.
La feuille de papier blanc et le parfum de ta peau
sans crier gare se dissipent dans le ciel.

Traces de doigts dans le vide 1991

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