dimanche 8 février 2009

Miss Saïgon

Madame Butterfly, vous connaissez ?
Cette geisha qui tombe amoureuse d'un officier britannique, a un enfant de lui et pour le forcer à le prendre en charge, se suicide ?

Claude-Michel Schoenberg est un compositeur français, entre autre de "Les Misérables", qui a une grande culture. Il connait parfaitement l'opéra de Puccini.
De plus, une image de la guerre du Viet Nam l'a marqué : la photo d'une jeune femme qui tend à un GI quittant l'ambassade US de Saïgon, quelque jours avant sa chute, l'enfant qu'elle a eu d'un soldat.
Il a été ému qu'une mère puisse se sacrifier ainsi par amour pour son enfant, afin de lui offrir une vie"à l'américaine", existence qu'elle croit idéale...

Avec son complice, Alain Boublil, il compose une version moderne de "Madame Butterfly" en la situant au Sud Viet Nam, une semaine avant la prise de contrôle du pays par les communistes.

Kim, une danseuse-entraineuse d'un bar pour militaires, provoque un coup de foudre chez Chris, un GI qui attend d'être rapatrié. Romantique, la jeune femme tombe amoureuse. Si son partenaire d'un soir est sincère sur le moment, il quitte le pays avec ses frères d'armes et se refait une vie aux Etats Unis.
Kim, pendant ce temps a eu un enfant de Chris et après avoir tué l'homme à qui elle avait été promise par son père, pour protéger son enfant, elle fuit, avec l'Ingénieur, son ancien protecteur du bar louche, jusqu'à Bangkok.
En Amérique, John, le meilleur ami de Chris se consacre aux bâtards que les GI ont laissé en Indochine. Au cours de ses recherches en faveur de ces enfants, il découvre que Kim est en vie et le dit à Chris. Celui-ci, anéanti, décide de se rendre en Thaïlande avec sa femme pour venir en aide à son ancien amour et à son fils.
Sur place, les deux femmes s'affrontent et Kim comprend qu'elle n'a plus la place qu'elle espérait dans le coeur de Chris et pour que son fils ait la vie dont elle a toujours rêvé pour lui, elle décide de forcer la main de son père et se suicide.

Le show est crée en 1989 à Londres :
Simon Bowman
y est un émouvant Chris, sincère et dépassé par les évènements; Peter Policarpou un superbe John que la guerre a rendu généreux et noble; Claire Bloom, une Helen, la femme de Chris, compréhensive, compatissante et digne.
Reste le rôle de l' Ingénieur, gérant du club et protecteur de l'héroïne : Jonathan Pryce (qui sera le Peron d'Alan Parker dans "Evita") s'y colle avec brio et fantaisie.
Le producteur, le génial Cameron MacKintosh, veut qu'il crée aussi le rôle à Broadway.
Les syndicats américains s'y opposent et exigent que ce soit un artiste d'origine asiatique. MacKintosh tente alors LE coup de bluff du théâtre moderne : il annonce que si ce n'est pas Pryce qui joue l' Ingénieur, le spectacle sera purement et simplement annulé ! On approche de la date de la première et le producteur tient bon! Les syndicats cèdent : Pryce est sur scène le soir de la générale !
Pour ne pas apparaitre pour ce qu'il n'est pas, MacKintosh remplacera Pryce par un chanteur d'origine asiatique quelques temps plus tard, mais la volonté des créateurs aura pris le pas sur le politiquement correct !

Mais la plus belle anecdote concerne le personnage de Kim.
Schoenberg veut une inconnue : il auditionne, avec ses paroliers, des dizaines de candidates. Aucune ne semble correspondre à leurs attentes. Les auteurs voient se profiler le syndrome de Scarlett O'Harra pour le film "Autant en emporte le vent".
Un ami de Schoenberg, de retour des Philippines, lui conseille d'aller entendre une jeune chanteuse qui se produit à Manille dans différentes revues musicales.
Claude-Michel Schoenberg, Alain Boublil et Herbert Kretzmer (le parolier anglais) débarquent à Manille et tombent littéralement sous la charme de Léa Salonga.
C'est elle, leur Kim, celle dont ils ont rêvé !
Issue d'un milieu très pauvre, pour ne pas dire miséreux, de la banlieue de la capitale philippine, Léa a 18 ans et va incarner son personnage avec une telle vérité et une telle intensité qu'aujourd'hui encore, 20 ans plus tard, elle demeure LA référence absolue du rôle !

"Miss Saïgon" est pour moi, un des 10 plus grand spectacles musicaux du monde : le synopsis nous emporte dans le tourbillon de l' Histoire, qui broie les gens ordinaires en dépit des grands sentiments qui les animent.
Les chansons sont les véhicules puissants des émotions, tant dans les textes que dans la musique, truffée d'allusions classiques, et bien évidement, au travers des interprètes exceptionnels, évoqués plus haut.

10 ans de succès à Londres, 8 ans à Broadway et de multiples versions de par le monde...
La preuve que les français savent faire des "musicals" de qualité pour peu qu'on leur en donne les moyens...et que le désir de création l'emporte sur toute autre considération !


La déclaration d'amour de Kim à son fils : I'd give my life for you !


Pendant que Kim rêve de Chris, Helen veille sur son sommeil..."I still believe"


John, de retour aux USA, fait campagne en faveur des enfants naturels des GI restés au Viet Nam.


Le joli duo d'amour de Kim et Chris lors de leur rencontre...

2 commentaires:

V à l'Ouest a dit…

Je dois dire que je n'en avais jamais entendu parler !

Gérald a dit…

Comme de beaucoup de comédies musicales anglo-saxones !
Nos médias chauvins nous privent de grands moments !
Pour les producteurs français, un "musical" c'est d'abord une rentabilité à court terme, un produit kleenex comme les autres...
Pour les artistes, c'est un tremplin pour une carrière solo !
Aux USA et en GB, il y a des tas de chanteurs et chanteuses qui sont de vraies stars en se limitant au théâtre musical...