mercredi 7 octobre 2009

Hypérion

Dan Simmons est un auteur de romans fantastiques et de science fiction, né en 1948 à Peoria (Illinois).
Son oeuvre maîtresse est à coup sur constituée d'une suite romanesque intitulée
"Les Cantos d'Hypérion"
, en quatre parties, "Hypérion" chapitre I et II suivies de
"La Chute d'Hypérion"
Ière et IIème partie.

L'Hégémonie gouverne plus de trois cents mondes. Des millions de personnes s'entassent derrière les grilles du port spatial d'Hypérion : les habitants de la planète sont sûrs que le Gritche - antique divinité omnipotente - va venir les prendre et ils veulent fuir.
Mais l'Hégémonie ne veut rien savoir : une guerre s'annonce et les routes du ciel doivent être dégagées.
Car les Extros, l'ancien peuple d'Hypérion, sont de retour : ils arrivent à la mer des Hautes Herbes, ils atteindront sous peu les Tombeaux du Temps qui, dit-on, dérivent de l'avenir vers le passé. Les Tombeaux vont bientôt s'ouvrir et le mystère se dissipera. Le TechnoCentre n'arrive pas à produire des prévisions fiables à ce sujet.
Alors, l'Hégémonie agit : elle envoie sept pèlerins sur Hypérion.
La présidente leur a dit d'emblée : "Il est essentiel que les secrets des Tombeaux du Temps soient percés. C'est notre dernière chance."
Mais les pèlerins n'y comprennent rien : c'est tout simple, ils ne se connaissent même pas entre eux !

Heureusement, le voyage leur permettra de se rapprocher. Chacun raconte son histoire, et l'on s'aperçoit vite que nul n'a été pris au hasard. Celui qui a fait la sélection, au fils des confidences, paraît bien avoir fait preuve d'une lucidité... diabolique. Et d'une cruauté... raffinée !

Drôles de pèlerins en effet ! Celui-ci n'arrive pas à se débarrasser d'un parasite de résurrection; celui-là écrit un poème qui, selon lui, infléchira le cours des évènements. Deux d'entre eux veulent tuer le gritche; un autre hésite à lui sacrifier sa propre fille, qui naîtra dans trois jours. Et le dernier semble trahir tout le monde, ce qui étrangement ne trouble personne.
Bref, l'Hégémonie en fait le minimum. Pourquoi et que cache-t-elle?

Car les pèlerins ne sont pas les seuls dans ce jeu étrange. Johnny Keats est une Intelligence Artificielle construite sur le modèle d'un vieux poète de l'Ancienne Terre. Il voudrait échapper au TechnoCentre, investir toute sa conscience dans son corps, être un humain à part entière et partir pour Hypérion. C'est assez pour le faire assassiner. Mais quelqu'un doit lui vouloir du bien au TechnoCentre : il reçoit un corps de rechange. Quand il ressuscite, le disque de Schrön, implanté sur une jeune femme, le met en contact avec elle : il lui suffit de dormir et de rêver. Malheureusement sa protectrice se retrouve en grand danger sur Hypérion; tout ce qu'ils pourraient espérer, c'est de se rejoindre dans l'infosphère. Or quelqu'un semble prêt à les y aider — comme si Johnny était quelque rouage essentiel dans un grand dessein conçu à l'échelle de l'éternité.

Qu'on ne s'y trompe pas, cette tétralogie, "les Cantos d'Hypérion" est un réel chef d'oeuvre de la science fiction contemporaine.
L'intrigue résumée ci dessus ne serait rien s'il n'y avait le style !
Le vocabulaire et la musique des phrases de Dan Simmons.
La composition, oui comme pour une symphonie, des différents volumes où s'épanouit l'intrigue.
Comme le titre de la saga est inspirée par une suite poétique de John Keats, il lui a fallu se montrer à la hauteur de son modèle.
Et le pari est plus que réussi : roman d'aventure certes, mais réflexion sur la nature humaine, son gout du pouvoir, sa fascination pour l'irrationnel et les religions, son engouement pour la technologie et son éternelle interrogation sur le sens de la vie et la marche du temps...

Un grand écrivain pour une fresque du futur comme on n'en compte qu'une ou deux autres dans toute la production mondiale du genre.

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