mardi 2 décembre 2008

Elisabeth von Wittelsbach

On la connait mieux sous le sobriquet de Sissi...
l'épouse de l'empereur d'Autriche, Franz Josef I.

Mais que sait on réellement d'elle ?

Que si elle fit un mariage d'amour, elle fut malheureuse à la Cour.
Qu'elle eut quatre enfants dont deux eurent une destinée tragique : Sophie, morte en bas âge et Rudolf qui se suicida à 31 ans, par amour...

On oublie qu'elle fut neurasthénique au sens médical du terme; qu'elle se rendit, par son mal être, dépendante aux médicaments et sans doute à la morphine.

Le librettiste autrichien Michael Kunze, avec son complice Sylvester Levay, entreprit de raconter dans un "musical" sa vision de l'impératrice.

Vision originale et un peu décoiffante pour les inconditionnels de la version sucrée d'Ernst Marishka, immortalisée par Romy Schneider dans les années 50.
La représentation débute par un interrogatoire : celui de Luigi Luccheni, l'assassin d'Elisabeth, par une voix off qui lui demande la raison réelle de son geste. Et Luccheni de répondre :
"Warum, warum...weil Sie es wollte !" ("Pourquoi, pourquoi...parce qu'elle le voulait!")

C'est là la thèse qui sera développée dans le spectacle : Sissi portait au fond d'elle une forte pulsion suicidaire depuis son adolescence et son existence n'est qu'une succession d'attirances-répulsions envers la mort.

Les auteurs lui font même vivre une véritable relation passionnelle, réciproque, avec la personnification de la Mort (Der Tod, en allemand - le genre masculin permettant de rendre crédible la romance).

La chronologie historique est scrupuleusement respectée et les drames s'enchainent inexorablement pour conduire à la tragédie finale. Le suicide de Rudolf est ainsi présenté comme un assassinat, mais pas par un quelconque groupe politique, mais par der Tod lui même pour achever la résistance d'Elisabeth...

La création du spectacle à Vienne en 1992 a révélé au Monde l'immense talent de Pia Douwes, chanteuse néerlandaise, dans le rôle titre et celui d'Uwe Krüger interprétant la Mort.
Mais ma version favorite (celle de 2000-2004) met en scène une autre soprano hollandaise, Maya Hakvoort - réellement inspirée - et une Mort jouée par une pop star hongroise, Màté Kamaràs - d'une beauté moderne et blonde - et le formidable Serkan Kaya (d'origine turque) incarnant un Luccheni très convaincant.

La mise en scène stylisée, dans son crû du XXIèmè siècle, contribue au propos en chargeant les aléas de la vie de Sissi de la symbolique qu'il faut pour susciter l'émotion des spectateurs. Chaque scène est un véritable tableau vivant, et voir le célèbrissime portrait de l'impératrice s'animer
et chanter, fait frissonner.

Traduite en hongrois, en japonais, en coréen, en hollandais, en suédois, en italien et en finnois, c'est la plus célèbre et, de l'avis des amateurs, la meilleure "non english speaking" comédie musicale du monde.

Un titre est devenu le véritable hymne de ce musical : "Ich gehör nur mir" où Elisabeth exprime son désarroi, mais aussi sa certitude d'avoir raison de vouloir vivre sa vie selon ses propres règles, pour elle même, car elle "n'appartient qu'à elle".




Ce duo illustre bien les relations entre Elisabeth et Der Tod : "Wenn ich tanzen will" où chacun des protagoniste affirme sa prédominance sur le destin...


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