lundi 20 juillet 2009

Dans la solitude des champs de coton

Quand j'ai commencé ce blogue, je croyais avoir des choses pertinentes et brillantes à dire sur les choses et les oeuvres que j'aimais et dont j'allais vous parler.
Au fur et à mesure de mes articles, je m'aperçois que ce qui caractérise mes réactions en face des créations qui m'ont touché, c'est justement d'être resté...sans réaction! Pétrifié, plongé dans un abime d'admiration ou d'interrogation, de contemplation ou de nostalgie !

Bernard-Marie Koltès est l'un des auteurs dramatiques de langue française les plus joués de par le monde.
D'une beauté physique rare, il fut foudroyé par la sida en 1989, il avait tout juste 41 ans.

La philosophie marxiste qui soutend son oeuvre ne lui a pas barré la voie de la notoriété dans les pays anglo-saxons, les Etats Unis entre autres.
On adhère ou pas à sa façon de voir le monde mais son style littéraire, sa poésie, la force des mots qu'il met dans la bouche de ses personnages ne peuvent que nous renvoyer à nos questions primordiales. Car ici le marxisme n'est pas tant un apport de solutions pré-mâchées qu'une façon particulière de poser la question.
Ses pièces éclairent, à sa manière, les préoccupations fondamentales de l'homme. Au spectateur de bâtir ses réponses sur le même modèle ou un différent : ce qui compte c'est que la question soit posée !

Dans la solitude des champs de coton met en scène un dealer et un client, un noir et un blanc dans une situation de deal. Le dealer sait que le client désire - est dépendant de - quelque chose qu'il (le dealer) peut lui offrir. Il est cependant dépendant lui aussi du désir du client. L'un et l'autre deviennent inséparables.

D'où l'analyse intéressante de Koltès sur les rapports commerciaux et le marché en général. Plus encore, le rapport humain en général est réduit à un marché entre deux protagonistes. Koltès multiplie les couples d'opposition (dealer/client, homme/animal, mâle/femelle, blanc/noir…).

À l'intérieur de ces couples, un seul rapport est possible : le deal. Le deal se fait alors matrice, tendeur de toute l'action de la pièce. Il sous-entend alors rapports de séduction, d'intimidation, de confrontations sourdes.

J'ai vu la mise en scène de cette pièce par le grand Patrice Chéreau, qui interprétait aussi le rôle du "Client" accompagné de Pascal Grégory dans celui du "Dealer".

Voici un extrait d'une autre version, réalisée pour la télévision :

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