samedi 8 août 2009

26, rue du Labrador

Au début des années soixante, à Colombey-les-deux-Eglises, le général de Gaulle et son invité, l'écrivain André Malraux, font une promenade digestive dans le parc de la Boisserie. Le conversation tourne autour du rôle de la France dans le Monde, tel que l'entend le Général. Soudain, le chef de l'Etat s'arrête, et le regard perdu sur la plaine champenoise, il laisse tomber : "Au fond, Malraux, mon seul rival international, c'est Tintin !"

Georges Rémi est né le 22 mai 1907 à Etterbeek.
Je n'ai pas vraiment le goût de réécrire ici sa biographie : on peut se référer à la page de Wikipedia qui le fait de façon très complète .

Je préfère revenir sur ce qu'est Tintin pour moi.

Mon enfance : j'ai reçu en cadeau de Noël, en 1964, la collection complète des albums du petit reporter et de son chien.

Des bandes dessinées construites comme des films, comme pour les "grands" !
Outre l'évasion, apprendre des choses. Histoire ou géographie. Science et techniques et comportements humains d'ailleurs.
L'extraordinaire dans Tintin, c'est que tout y est vraisemblable de par la volonté d' Hergé de se documenter précisément pour que le lecteur y trouve des repères mais aussi et surtout apprenne à découvrir ce qu'il ignore avec plaisir.

Découverte du Monde : Congo, Amérique du Nord, du Sud, Chine, Egypte, Inde, Arabie, quelques pays d'Europe, le Tibet et bien sur, la Lune !
Dernièrement, "l'Osservatore Romano", organe officiel du Vatican, s'est fendu d'un article humoristique, expliquant qu'Armstrong n'était pas le premier homme à avoir marché sur la Lune, puisque tout le monde sait bien que c'est Tintin et ses amis qui furent les pionniers de la conquête de notre satellite.


Au début basées sur des faits d'actualité (la guerre sino-japonaise, le conflit judéo-arabe - déjà ! - l'Anschluss...) , les aventures de Tintin et Milou ont évolué vers des intrigues axées sur des valeurs universelles et humanistes : lutte contre le trafic de drogue, les marchands d'armes, le combat contre l'esclavage ou le détournement des technologies modernes à des fins guerrières...
Autant d'épisodes alternant avec des récits de pure aventure (La Licorne, l'Etoile mystérieuse, Le Temple du Soleil, encore que ce dernier a des vertus pédagogiques...).
Puis vint le temps de l'introspection avec l'épopée au Tibet, de l'intimité avec "Les Bijoux de la Castafiore". Enfin, après un épisode fantastique ("Vol 714 pour Sydney"), c'est un Tintin plutôt désabusé qui s'allie aux Picaros pour abattre une dictature...sitôt remplacée par une autre !

Ce fut aussi la confirmation de valeurs que m'enseignait ma famille : loyauté, honnêteté, respect du droit (des règles comme de la personne), amitié désintéressée, protection des plus faibles, amour pour les animaux...
L'illusion aussi que les méchants sont toujours punis et les gentils sauvés et récompensés.
Messages naïfs, peut être, mais qui ont fondés notre civilisation. Et qui peuvent encore faire un peu d'usage...

Le 3 mars 1983, à Woluwe-Saint-Lambert, Georges Rémi s'éteint.

Le journal "Libération" fait sa une sur l'évenement et illustre toutes les informations du jour avec des dessins extraits des albums de Tintin :


Hergé a laissé un scénario inachevé : "Tintin et l'Alph'Art".
Le jeune dessinateur Yves Rodier l'a mise en scène à la façon du maître.
En voici deux planches, hélas en anglais - je n'ai pas trouvé de bonne reproduction en français- :


Puisse un jour la Fondation Moulinsart, dépositaire des droits de l'oeuvre d'Hergé, autoriser sa parution officielle. Rien que celle là, réalisée avec respect et admiration ! Les amoureux de Tintin n'en demandent pas plus !

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