mercredi 5 août 2009

JSF

...Jeux Sans Frontières !

Vous vous souvenez ?

En 1965, Guy Lux, producteur télé en vogue, est convoqué au Palais de l'Elysée.
Le Général De Gaulle est un fervent admirateur de son émission "Intervilles", une compétition entre cités du terroir français qui s'affrontent dans des jeux bon-enfants depuis 1961.
Ce programme d'été est un immense succès et le Président veut vendre à la France le traité d'amitié franco-allemande qu'il a signé avec le chancelier Adenauer 18 mois plus tôt.
Il "suggère" à Guy Lux d'organiser un Intervilles entre la France et l'Allemagne.

Celui ci élargit le cercle en invitant aussi l'Italie et la Belgique.
D'abord baptisé "Internations", c'est sous le titre de "Jeux sans frontières" que le jeu nait à l'été 65.

La sauce prend et dès 1967, la Suisse et la Grande Bretagne se joignent aux équipes.
1970 : c'est le tour des Pays Bas.
Le concept évolue : autant d'émissions de sélection que de pays participants et une finale chez le vainqueur de l'année précédente.
En 1982 s'achève la première phase de Jeux Sans Frontières.

La compétition amicale européenne ne reprend qu'en 1988.
Après la Yougoslavie en 1978 et la Portugal en 1979, l'Espagne entre dans la danse.
Certains pays "historiques " se lassent (Belgique, Allemagne...) et d'autres entrent en piste : Malte, la Grèce, la Tchéquie, la Slovénie et la Hongrie. La Tunisie disputera même une saison (1992). La Grande Bretagne sera remplacée par le Pays de Galles de 1991 à 1994.
Rejointe par San Marin de 1989 à 1991, l'Italie est le seul pays à avoir participé aux trente éditions du jeu.

Qu'est ce qui a fait de Jeux Sans Frontières un objet télévisuel culte au point qu'une pétition circule sur le net pour réclamer son retour, sans désemparer, depuis la dernière édition en 1999 ?

Les épreuves d'abord : des jeux inspirés des compétitions de kermesse avec des aménagements pour les rendre spectaculaires (décors colorés et sophistiqués, candidats costumés...) où l'eau joue un rôle prépondérant.

Ensuite, l'absence d'enjeu financier : on se donne à fond mais on ne se prend pas au sérieux, car il n'y a rien à gagner que la gloire pour la communauté, c'est à dire sa ville !
La seule retombée ne peut être que la notoriété touristique et encore...

Tous les pays participants étaient assurés d'être en finale : chacun y était représenté par la ville ayant réalisé le meilleur score pendant les qualifications. Ainsi, à plusieurs reprises, on a vu triompher en finale une équipe qui n'avait même pas remporté son éliminatoire !

Un des points forts c'est qu'il n'y a plus d'affrontement direct, comme dans "Intervilles", mais des épreuves disputées à 6, 7 ou 8 selon les années et le nombres de pays, en parallèle !
C'est ça l'idée géniale : chacun doit livrer son maximum pour triompher et n'a pas à chercher à "anéantir" son adversaire, fut-ce au figuré !

Au delà de la performance physique les candidats se doivent de faire preuve d'une capacité d'auto-dérision certaine : accoutrements ridicules, contre performances dramatiques...
Des équipes mixtes où les rôles ne sont pas définis car les participants à chaque jeu sont désignés le jour de l'émission par tirage au sort !

Jusqu'en 1993, chaque éliminatoire est disputée dans un pays différent : autant d'occasion de faire des rencontres entre jeunes de tous ces pays et de découvrir les autres chez eux !
L'ambiance d'après-jeux était amicale et débridée entre les concurrents.
Guy Lux aimait rappeler que son émission était à l'origine d'une cinquantaine de mariages trans-nationaux !

Mais le jeu reçut aussi deux récompenses dont son créateur n'était pas peu fier :

Le Conseil de l'Europe vota une motion de remerciement et de félicitation aux producteurs et concepteurs de JSF pour leur contribution, unique dans l'audiovisuel, au rapprochement entre les peuples du continent.

Mais le plus beau c'est la médaille d'honneur que le CIO de Lord Killanin leur décerna pour cette expression remarquable de l'idéal olympique.



Quand l'esprit de compétition est mis au service de l'amitié entre les peuples et non de l'expression du chauvinisme mesquin, on obtient ce joyeux melting-pot télévisuel sans prétentions pour lequel ceux qui l'ont connu nourrissent une inguérissable nostalgie...
Souvenir d'une époque où on aimait croire que demain serait plus beau qu'aujourd'hui...

Merci encore Guy !

2 commentaires:

Sébastien a dit…

Pour en savoir plus sur l'émission, je vous invite à visiter le site www.jsfnet.fr !

Gérald a dit…

Merci pour l'info : je regrette toutefois que la genèse du programme soit un peu succint...