jeudi 19 mars 2009

Send in the clowns...

Chanter : art délicat et plus difficile qu'il n'y parait...

Il y a de multiples manières de donner vie à une chanson...
En France, il est devenu rare que plusieurs artistes inscrivent la même ritournelle à leur répertoire.

Dans les pays anglo saxons c'est chose courante, en particuliers pour les extraits de comédies musicales.

Un exemple parmi d'autres : "Send in the clowns" tiré de "A Little Night Music" de Stephen Sondheim.
Il s'agit d'une comédie dramatique de moeurs qui se déroule en Suède à la fin du 19ème siècle.
Des couples se défont et se recomposent lors d'une villégiature à la campagne.
Avec la subtilité qui le caractérise, Sondheim, a, tant dans la dramaturgie que dans les harmoniques très élaborées d'une partition très précise et très construite et des textes ciselés, qui expriment les sentiments et surtout les non dits des personnages, réussi une oeuvre des plus "classiques".

Dans cet extrait, Désirée, une comédienne qui rejeta la proposition de mariage que lui fit Fredrik Egerman 20 ans plus tôt, constatant sa solitude et le couple si mal assorti qu'il forme avec son épouse, fait à son tour sa demande. Mais la vie est passée et Fredrik repousse son offre.

Pourquoi ce titre,"Envoyez les clowns" ?
Au théâtre, quand la pièce est mauvaise, on lance des plaisanteries pour changer de sujet et alléger l'atmosphère. Ou, au cirque, quand le funambule tombe, on envoie les clowns pour distraire le public : ici, Désirée s'est "crashé" dans son déballage de sentiments hors de saison, il est temps d'envoyer les clowns, mais dit-elle, "don't bother, they're here!".

Voici trois versions :
tout d'abord Glenn Close, qui nous livre une version sobre et détachée, comme on raconte une histoire...



Ruthie Henshall, elle, privilégie l'intériorité et la perfection vocale : moins d'émotion, mais quel fluidité dans le phrasé...



Enfin, Dame Judi Dench : l'actrice britannique livre là une interprétation qui ressemble à du vécu comme rarement on l'a vu et entendu sur une scène ! Sondheim, qui était à l'honneur lors de cette soirée, ne pouvait rêver meilleur hommage...

1 commentaire:

Unknown a dit…

Magnifique merci