On connait l'histoire de ce beau garçon qui se laisse convaincre de se faire tirer le portrait et qui trouve injuste que son image demeure jeune et belle alors qu'il devra vieillir.
Prêt à tout pour que les choses s'inversent, il est exhaussé par le diable et le tableau va non seulement se flétrir à sa place mais il portera aussi les stigmates de sa vie de débauche...
(le tableau ci dessus est du russe Stanislav Plutenko)
C'est le poète, romancier et dramaturge anglais, Oscar Wilde qui imagina cette histoire en 1891.
Il y joignit cette préface :
Un artiste est un créateur de belles choses.
Révéler l’Art en cachant l’artiste, tel est le but de l’Art.
Le critique est celui qui peut traduire dans une autre manière ou avec de nouveaux procédés l’impression que lui laissèrent de belles choses.
L’autobiographie est à la fois la plus haute et la plus basse des formes de la critique.
Ceux qui trouvent de laides intentions en de belles choses sont corrompus sans être séduisants. Et c’est une faute.
Ceux qui trouvent de belles intentions dans les belles choses sont les cultivés.
Il reste à ceux-ci l’espérance.
Ce sont les élus pour qui les belles choses signifient simplement la Beauté.
Un livre n’est point moral ou immoral.
Il est bien ou mal écrit. C’est tout.
Le dédain du XIXe siècle pour le Romantisme est semblable à la rage de Caliban n’apercevant pas sa face dans un miroir.
La vie morale de l’homme forme une part du sujet de l’artiste, mais la moralité de l’art consiste dans l’usage parfait d’un moyen imparfait.
L’artiste ne désire prouver quoi que ce soit.
Même les choses vraies peuvent être prouvées.
L’artiste n’a point de sympathies éthiques.
Une sympathie morale dans un artiste amène un maniérisme impardonnable du style.
L’artiste n’est jamais pris au dépourvu.
Il peut exprimer toute chose.
Pour l’artiste, la pensée et le langage sont les instruments d’un art.
Le vice et la vertu en sont les matériaux.
Au point de vue de la forme, le type de tous les arts est la musique.
Au point de vue de la sensation, c’est le métier de comédien.
Tout art est à la fois surface et symbole.
Ceux qui cherchent sous la surface le font à leurs risques et périls.
Ceux-là aussi qui tentent de pénétrer le symbole.
C’est le spectateur, et non la vie, que l’Art reflète réellement.
Les diversités d’opinion sur une œuvre d’art montrent que cette œuvre est nouvelle, complexe et viable.
Alors que les critiques diffèrent, l’artiste est en accord avec lui-même.
Nous pouvons pardonner à un homme d’avoir fait une chose utile aussi longtemps qu’il ne l’admire pas.
La seule excuse d’avoir fait une chose inutile est de l’admirer intensément.
L’Art est tout à fait inutile. Cet ouvrage donna lieu par la suite, à de multiples adaptations :
pour le théâtre, bien sûr.
Pour le cinéma, évidemment !
Cette affiche interessante présente le film de Massimo Dallamano, de 1970, avec le beau et ténébreux Helmut Berger :
La dernière version en date a quelques mois, réalisée par Oliver Parker,
avec Ben Barnes dans le rôle titre :
Le metteur en scène et producteur de spectacles italien Tato Russo en a fait une comédie musicale avec le séduisant Michel Altieri en vedette :
L'histoire peut aussi servir d'argument à un ballet: Matthew Bourne l'a transposé à notre époque, dans le milieu de la mode, pour une création où l'athlétique Richard Winsor campe un Dorian ouvertement bisexuel...
Créer un mythe n'est pas à la portée de n'importe qui, et celui de Dorian Gray n'est pas près d'en finir avec les tourments de l'humanité...
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