mardi 16 mars 2010

Louise de Vilmorin


Romancière et poétesse française, Louise Lévêque de Vilmorin, dite Louise de Vilmorin, est née en 1902 dans la maison familiale des grainetiers bien connus.

En 1934, sur les conseils d'André Malraux elle publia son premier roman.
Suivront "Le Lit à Colonnes", "Julietta" et son chef d'oeuvre, "Madame de...".
Tous trois seront adaptés au cinema pour lequel elle écrira, entre autre, le scénario de "La Française et l'Amour".

Elle publia également plusieurs recueil de poèmes empreints de fantaisie et parfois de féérie.

Intime d' Antoine de Saint-Exupéry, dont elle était une lointaine parente, elle partagea la vie de Malraux pendant de longues années.

Elle fut l'amie privilégiée de tous les artistes en renom de l'après-guerre qu'elle recevait dans la maison de famille de Verrières le Buisson.

C'est là qu'elle est morte en 1969.

Sa fantaisie s'exprima en particuliers dans des formes poétiques rares, telles que les holorimes. En voici un exemple très brillant :
À Cordoue

Accords doux

Décors d'août

C'est tôt beys zélés

À Cordoue.

Lâchant son silence

La chanson s'y lance

Cette eau baise, ailée

À Cordoue

Sept obèses et les

Accords d'août

Des corps doux

Et le vent

Oscille en silence

Élevant

Oh ! si lent, six lances.

À Cordoue

Bais et laids

Beys zélés, maintenant

Baisez-les mains tenant

Baies et lait :

Accord doux.

Quelques autres textes :

Il vole

En allant se coucher le soleil
Se reflète au vernis de ma table:
C’est le fromage rond de la fable
Au bec de mes ciseaux de
vermeil.

Mais où est le corbeau? Il vole.

Je voudrais coudre mais un aimant
Attire à lui toutes mes aiguilles.
Sur la place les joueurs de quilles
De belle en belle passent le temps.

Mais où est mon amant? Il vole.

C’est un voleur que j’ai pour amant,
Le corbeau vole et mon amant vole,
Voleur de coeur manque à sa parole
Et voleur de fromage est absent.

Mais où est le bonheur? Il vole.

Je pleure sous le saule pleureur
Je mêle mes larmes à ses feuilles
Je pleure car je veux qu’on me veuille
Et je ne plais pas à mon voleur.

Mais où donc est l’amour? Il vole.

Trouvez la rime à ma déraison
Et par les routes du paysage
Ramenez-moi mon amant volage
Qui prend les coeurs et perd ma raison.

Je veux que mon voleur me vole.


La solitude est verte

Chasseresse ou dévote ou porteuse de dons
La solitude est verte en des landes hantées,
Comme chansons du vent aux provinces chantées
Comme le souvenir lié à l’abandon.

La solitude est verte.

Verte comme verveine au parfum jardinier
Comme mousse crépue au bord de la fontaine
Et comme le poisson messager des sirènes,
Verte comme la science au front de l’écolier.

La solitude est verte.

Verte comme la pomme en sa simplicité,
Comme la grenouille, cœur glacé des vacances,
Verte comme tes yeux de désobéissance,
Verte comme l’exil où l’amour m’a jeté.

La solitude est verte.


Le peintre Mac Avoy a fait un très joli portrait de Louis de Vilmorin,


En novembre 2009, la comédienne Coralie Seyrig a proposé un spectacle à partir des textes et extraits de journaux intimes de l'écrivain. En voici un passage :

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